La carte militaire de la France a subi de profondes mutations avec la diminution du nombre d’unités et donc d’implantations territoriales. Les compensations fournies en partie par les industries de défense n’ont pas été négligeables et jouent un rôle structurant dans l’aménagement et l’économie de certains territoires.
Place et rôle structurant des industries de défense dans la réorganisation de la carte militaire en France
The Place and Role of Defence Industry in the Reorganisation of the Military Map of France
The military map of France has seen numerous changes following the reduction in the number of units and therefore of sites across the country. A considerable measure of compensation has in part come from defence industry and plays a structural role in the activity and economy of certain regions.
Depuis la fin des années 2000, la France a connu une importante réforme de sa carte territoriale de la défense en remettant en cause l’organisation géographique héritée de la guerre froide. Dans un contexte budgétaire contraint pour le ministère de la Défense, cette réforme obéit à des impératifs de rationalisation guidés par les nouvelles missions de la défense et l’évolution des menaces dans le cadre plus général de la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Les récentes attaques terroristes ont conduit à mettre un terme à la réduction des effectifs, voie privilégiée jusque-là (voir l’actualisation LPM). On peut toutefois s’intéresser aux conséquences économiques de la réforme de l’organisation géographique des armées dans une perspective d’évaluation des politiques publiques sur une période allant de 2008 à aujourd’hui.
Dans cette réforme, des territoires perdent des effectifs, tandis que d’autres en gagnent, même s’ils sont moins nombreux. Potentiellement, les conséquences économiques pour les territoires les plus fragiles sont élevées, de sorte que l’État les accompagne en prenant en charge le coût social de régression via un dispositif d’aides publiques (cf. J. Droff et J. Malizard). Cet accompagnement est réalisé par la Délégation aux restructurations (DAR) du ministère de la Défense en partenariat avec de nombreux acteurs (collectivités locales pour l’essentiel, mais aussi l’Union européenne et parfois des entreprises).
Ces dispositifs permettent de financer des projets visant à compenser les pertes d’activité induite, et les projets des territoires sont très variés, allant de l’implantation de nouveaux services du ministère de la Défense ou de services de l’État, au développement d’une offre touristique nouvelle en passant par la création d’activités visant à accroître l’offre de formation ou de services sur les territoires. Parmi la grande diversité des projets, une tendance globale émerge cependant : il existe une très forte incitation à ce que les activités du secteur privé prennent le relais des « emplois perdus ». Parmi ces activités « relais de croissance », sur certains territoires, les industries de défense investissent et se développent. Cette dynamique est d’autant plus intéressante à considérer qu’elle s’inscrit dans un mouvement global de désindustrialisation en France : l’industrie manufacturière représentait en effet 23 % de l’emploi total en 1970 – et 22 % du PIB de la France – contre 11 % de l’emploi en 2016 – et 11 % du PIB (cf. R. Renier).
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