La relation Russie-Otan est complexe, fragile et marquée par la méfiance. L’attitude de Moscou reste hostile avec un renforcement permanent de son dispositif et une utilisation intensive de la désinformation. L’Otan ne doit pas sur-réagir et, au contraire, trouver des opportunités de dialogue et de détente.
La Russie au travers du prisme Otan
Russia Seen from NATO
The Russia-NATO relationship is complex, fragile and filled with mistrust. Moscow’s attitude remains hostile, permanently strengthening its forces and making intensive use of disinformation. NATO must not over-react: on the contrary, it should seek opportunities for dialogue and détente.
Depuis deux ans, l’Otan et la Russie emploient des termes diamétralement opposés pour décrire l’état déplorable de leurs relations du moment *. La relation Otan-Russie est fondée sur une incompréhension profonde et réciproque. Sans prétendre à l’impartialité, l’auteur propose sa perception de l’intérieur de la machinerie militaire de l’Otan.
Idée maîtresse : l’Otan a fait de son mieux et continue à faire de son mieux, honnêtement, pour coopérer avec la Russie. Mais elle ne peut offrir à la Russie de Poutine ce qu’elle exige. En effet, le régime actuel est engagé dans un « trip » narcissique de posture victimaire, arguant d’avanies et insultes que l’Otan estime ne jamais avoir commises. La Russie est illégitime en exigeant la reconnaissance d’un rang particulier. Surtout, se considérant humiliée avec constance et application par l’Otan, la Russie recherche la déshumiliation – concept ontologiquement impossible.
Pour des motivations de politique intérieure, le régime Poutine a créé de toutes pièces la fable d’une injustice orchestrée par l’Otan, comparable au « coup de poignard dans le dos » de 1919 invoqué par la propagande nazie. Après dix ans de matraquage médiatique, l’opinion russe est persuadée de la malveillance de l’Occident. Que ces allégations soient véridiques ou pas, n’importe guère, dès lors que le mythe a cours dans l’immense majorité de la population. Il est un fait dans l’opinion. L’Otan refuse de combattre sur ce terrain. En premier lieu, elle a une approche procédurière, institutionnelle, qui la prive de toute possibilité de séduction ; de toute façon, elle n’a pas accès à l’opinion publique russe, très efficacement isolée par l’appareil de propagande du régime ; surtout, l’Otan est dépourvue de perspective psychologique, considérant que tout ce qui n’est pas matériel est subjectif et donc suspect. Empruntée, voire infirme, dans la contre-propagande, l’Otan laisse un boulevard aux artistes russes qui relèvent d’une longue et riche tradition de la désinformation.
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