Le régime de Poutine a mis à bas les principes démocratiques en instaurant un système verrouillé autour de la personnalité du Président. Cette situation induit une attitude agressive et nationaliste du Kremlin, tout en marginalisant les élites éduquées du pays et en interférant dans les récentes campagnes électorales à l’Ouest.
La confrontation Russie-Occident perturbe le système Poutine
The Russia-West Confrontation Perturbs Putin’s System
Putin’s regime has pushed aside democratic principles in establishing an impenetrable system around the personality of the president. This system is leading to an aggressive and nationalist attitude from the Kremlin that marginalises the educated classes of the country and interferes in recent electoral campaigns in the West.
La position géopolitique de la Russie a changé depuis l’annexion de la Crimée et l’intervention armée dans l’Est de l’Ukraine au printemps 2014. Le pays se trouve plus isolé et moins compétitif sur la scène européenne et internationale. Il a perdu ses principaux partenaires, en Europe et en Amérique du Nord.
Les dirigeants à Moscou n’ont pas encore pris toute la mesure des nouveaux rapports de force, qui ne sont pas à leur avantage. Ils ont choisi de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Ukraine, à la fois par la force armée et par la subversion économique et médiatique. Ils sont parvenus, certes, à occuper par proxy l’Est du Donbass, faisant des milliers de victimes et des centaines de milliers de déplacés, et vouant les quelque deux millions de personnes qui y résident à l’insécurité et la pauvreté. Cependant, ils ont aussi réussi à solidariser tous les pays occidentaux autour du soutien à Kiev et du vote de sanctions ciblées contre Moscou, sanctions maintenues jusqu’à présent. Vladimir Poutine a préféré le conflit à la négociation, quitte à remettre en question une riche coopération de plus de vingt ans avec l’Union européenne et l’Otan (1). Ce choix de l’affrontement reflète l’état d’esprit et les priorités du groupe dirigeant.
Les effets corrosifs du conflit ukrainien sur la relation entre Moscou et les capitales occidentales ont été largement analysés (2). Le propos ici est de souligner l’impact négatif de la confrontation Moscou-Occident sur la situation interne en Russie, et notamment l’effet perturbateur sur les élites et classes moyennes aisées. Il convient de tempérer l’analyse d’un « retour de puissance » de la Russie, qui s’imposerait sur la scène internationale, sous les applaudissements des Russes.
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