Le sous-marin – de par ses capacités techniques – constitue désormais un outil à vocation stratégique. Au fil des progrès accélérés avec l’introduction de la propulsion nucléaire, le sous-marin est devenu indispensable. La politique soviétique puis russe en la matière, constitue un exemple d’une politique stratégique ambitieuse.
Espace sous-marin et stratégie maritime (l’exemple russe)
Undersea Space and Maritime Strategy (The Russian Example)
The technical capabilities of the submarine make it a strategic platform. Progress advanced rapidly with the advent of nuclear propulsion, and the submarine became indispensible. Soviet, later Russian, policy on the matter is an example of an ambitious strategic policy.
Parler de stratégie à l’université est une démarche sans prix. En matière stratégique, la recherche française est en mal d’école depuis cinquante ans : Aron, Beaufre, Gallois, Poirier, Ailleret… n’ont pas eu de successeurs à part quelques réflexions, remarquables mais isolées, telles que celles de Thérèse Delpech ou Nicolas Roche (1). Plus grave encore, pour ce qui concerne la question maritime, la France est effectivement une nation maritime, mais qui vit parfois dans le déni de cette réalité. Certes, historiquement, les invasions sont venues de l’Est par la terre, mais, lors des derniers conflits mondiaux du XXe siècle, c’est de la mer que sont venues la libération et la victoire… Comment oublier, de plus, que la France dispose de la deuxième zone économique exclusive mondiale ?
Stratégie : concept, méthode, science, art ou système ? L’approche développée ici se veut celle du questionnement par un praticien, limité aux seuls aspects militaires d’une question qui dépasse ces derniers. Parler d’espaces sous-marins supposerait d’aborder les questions de pêche et d’aquaculture, de nodules polymétalliques, de pétrole et de gaz… Tous les aspects d’un sujet trop vaste pour le cadre ici fixé.
L’espace sous-marin est moins connu que la Lune : c’est un espace hostile où la vie est difficile. Or, la stratégie est une dialectique du temps et de l’espace… qu’il faut maîtriser, dont il faut sentir les ruptures. Quelques idées pour en illustrer dès à présent les difficultés : on se déplace lentement sous la mer, mais on se déplace longtemps (à quelques dizaines de kilomètres/heure, mais pendant des semaines parfois), les perceptions y sont différentes, basées avant tout sur les sons, qui peuvent se propager indifféremment de quelques centaines de mètres à plus de cent kilomètres. L’espace temporel de la stratégie du monde sous-marin est également large, de l’analyse des brefs signaux qui signalent un sous-marin adverse aux soixante-dix ans qui séparent la conception de la fin de la vie opérationnelle de ce même sous-marin…
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