Le drone Patroller est dérivé d’un aéronef certifié. Sélectionné pour l’Armée de terre en 2016, son développement se poursuit en vue d’une mise en service opérationnelle à partir de 2019. Les choix ainsi faits depuis 2009 renforcent la filière française des drones de renseignement et d’observation.
Le Patroller : développer un drone à hautes performances à partir d’un aéronef certifié
The Patroller: Developing a High-Performance Drone from a Certified Aircraft
The Patroller drone is a derivative of a certified aircraft and was selected by the Army in 2016. Its development is underway with a view to entering operational service from 2019. Decisions taken in these matters since 2009 are boosting French drone capabilities in intelligence gathering and observation.
L’industrie des drones n’échappe pas aux impératifs économiques de rentabilité et de retour sur investissements, outre ceux liés aux délais de mise sur le marché. Le développement d’un programme de drones spécifique exigeant un effort considérable, l’idée est dès lors séduisante de transformer en drone un aéronef développé précédemment pour un usage piloté. Retour sur une expérience réussie, le Patroller de Safran, et sur les atouts de la « dronisation ».
Bien que la chose soit peu connue, la France fut un pays pionnier de la dronisation des aéronefs. C’est la Marine qui, il y a près d’un siècle, appliqua pour la première fois cette méthode à la réalisation d’un drone. Dès 1920, celle-ci exprima en effet le souhait de posséder un engin télépiloté, capable de délivrer une torpille sur une cible en surface. Le prototype de cet engin était un biplan télécommandé et un pilote embarqué à bord pouvait reprendre les commandes en cas de problème. Cette configuration fut testée à plusieurs reprises au large de Toulon ! L’histoire des drones retient également le nom de QueenBee, un drone dérivé du fameux biplan De Havilland DH-82 Tiger Moth. Converti en « plateforme télécommandée récupérable et réutilisable », cet avion-cible, construit à 420 exemplaires dans les années 1930, était utilisé par la Royal Navy pour des missions d’entraînement au tir d’artillerie. Ces appareils doivent leur nom de « drone », bourdon en anglais, au bruit si caractéristique du moteur.
Après la Seconde Guerre mondiale, des avions de chasse ou de bombardement ont ainsi été transformés. De cette façon, le célèbre B-17, en vue d’effectuer des prélèvements dans les nuages lors des tests nucléaires atmosphériques, fut conditionné pour opérer au-dessus de l’atoll de Bikini au cours de l’été 1946. Il y eut également le F-86 Sabre destiné à l’entraînement à la défense sol-air. Plus récemment, de nombreux projets de « dronisation » ont été engagés dans le cadre du développement des systèmes de surveillance. On citera à titre d’exemple le Little Bird conçu à partir de l’hélicoptère AH-6 de Boeing, le Dominator et le Centaur dérivés de l’avion DA42 Diamond, l’Hammerhead, dont la cellule provient de l’avion P180 Piaggio, ou encore l’Herti, appareil dérivé du motoplaneur de J&AS Aero Design. Le Patroller français de Safran est, quant à lui, issu de l’avion monomoteur léger ES15 de la société Stemme/Ecarys.
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