Une histoire de la marine de guerre française
Une histoire de la marine de guerre française
L’ouvrage raconte l’histoire, souvent tourmentée, de la marine française du Moyen-Âge jusqu’à nos jours. Il est évident que ce sujet est extrêmement vaste ; l’auteur l’a fort bien traité.
Le récit est facile et passionnant à lire. Les grandes lignes du développement de la marine y sont clairement décrites. L’auteur réussit à donner une bonne image de l’ensemble : stratégie, tactique, développement technologique, en n’oubliant pas le personnel, des amiraux aux « simples » matelots. Les événements-clefs – comme Trafalgar – sont très bien expliqués quant aux raisons technologiques, stratégiques et tactiques sans trop entrer dans les détails. Il souligne le rôle vital du commandement, soit au niveau de la Flotte soit au niveau central.
Il est clair que l’auteur, lui-même amiral, vise plus haut qu’un simple récit du développement d’une organisation, celle de la marine. Il a un objectif : faire comprendre au lecteur un certain nombre de faits et d’expériences marines. Il met le lecteur en garde contre « la mentalité terrienne de la nation française ». Il insiste sur le fait qu’une marine ne s’improvise pas. Le gouvernement ne peut pas se contenter de recruter des hommes, ni de construire des bâtiments quand la guerre approche. Il faut au contraire un développement dans la durée où les technologies modernes soient incorporées dans la marine au fur et mesure. Une autre « leçon » est l’importance d’un commandement professionnel au niveau central. Trop souvent, la France a donné le pouvoir à la « plume » au détriment de « l’épée ». L’auteur voit avec inquiétude comment ce mode d’organisation devient de plus en plus généralisé aujourd’hui.
Mahan et ses disciples ont sévèrement critiqué le penchant de la France pour la course au détriment de la guerre d’escadre. L’auteur, au contraire, défend cette stratégie justifiée entre autres parce que le Royaume-Uni est depuis toujours une puissance économique. La pensée navale est d’ailleurs un sujet un peu oublié – la Jeune École, ses apôtres (Aube, Charmes…) et ses adversaires (Darrieus, Daveluy…) – mais elle est la seule « école » décrite. Le lecteur ne trouve donc pas les magnifiques noms de la pensée navale française comme le Père Hoste, Bigot de Morogues ou encore le père et le fils Grivel, pour ne mentionner que quelques-uns, et leurs contributions à la théorie navale.
Le fait que le père et le grand-père de l’auteur étaient aussi des amiraux ajoute des notes personnelles très intéressantes au récit « scientifique ». L’auteur termine son histoire avec l’opération Harmattan, dans laquelle la Marine nationale a joué un rôle beaucoup plus important que généralement admis. Il est enfin relativement satisfait de la situation actuelle de la Marine, compte tenu de la tendance générale vers une réduction des forces armées. Finalement, il espère que la nation française comprendra l’importance de la chose maritime et que l’Europe se dotera enfin d’une vraie capacité navale. Ce magnifique ouvrage traite admirablement son sujet ; il est donc recommandé à chacun portant un intérêt pour la Marine nationale. ♦