Réagissant à ce qu’elle perçoit comme une agression occidentale, en Ukraine, et contre ses capacités de dissuasion, la Russie modernise sa marine avec des équipements innovants. Cependant, avec des ressources financières insuffisantes, ses forces navales resteront défensives et centrées sur quelques grandes unités.
Vieillissement et renouvellement des forces navales russes
Renewal of Ageing Russian Naval Forces
In reaction to what it sees as Western aggression in Ukraine and against its deterrent capabilities, Russia is modernising its navy with innovative equipment. Nevertheless, given insufficient financial resources Russian naval forces will remain defensive and centred on a few major units.
À l’automne 2015 et à la fin de l’été 2016 (1), la marine russe surprend le monde en lançant depuis la Caspienne et la Méditerranée des missiles de croisière anti-terre (Kalibr) (2) contre des positions rebelles syriennes. L’impact médiatique est immédiat. Un an et demi après la saisie de la Crimée par des « petits hommes verts », l’emploi de missiles à très longue portée ressemble à un avertissement aux pays occidentaux, les détracteurs de la Russie y voyant la démonstration d’une capacité de déni d’accès qui permettrait à Moscou de reprendre d’autres parties de son ancien empire. Baltes et Polonais demandent des réassurances à l’Otan tandis que les amiraux de l’Alliance s’inquiètent d’une activité aérienne et sous-marine « sans précédent » depuis la fin de la guerre froide et que l’US Navy dénonce les comportements dangereux de l’aéronavale russe contre ses bâtiments en Baltique et en mer Noire. L’arrivée en Crimée de trois frégates et six sous-marins neufs (3) et le déploiement du porte-avions Kuznetsov en Syrie apparaissent comme un signal supplémentaire d’un retour de la marine russe sur la scène internationale. Comment interpréter les intentions et quels sont les moyens réels de la Russie ?
Deux doctrines maritimes comme feuille de route
En novembre 1993, la nouvelle Fédération de Russie formalise sa stratégie dans une doctrine militaire qui reprend le principe de non-agression, mais qui abandonne celui de non-emploi en premier de l’arme nucléaire (principes énoncés par l’URSS en 1982). L’Eskadra déployée en Méditerranée est supprimée. En 1999, quand l’Otan cherche à protéger les populations albanaises du Kosovo par une campagne de bombardements, la Russie, sans flotte en Méditerranée, ne sait pas l’en dissuader.
Tirant les enseignements de cette crise, la deuxième doctrine militaire post-soviétique, en date du 21 avril 2000, dénonce « les tentatives d’ignorer les intérêts russes dans la résolution des conflits internationaux » et « la remise en cause des équilibres régionaux aux frontières de la Russie ». La « Doctrine maritime jusqu’en 2020 », élaborée à partir de la thèse défendue par l’amiral Kouroïedov, commandant en chef de la marine, et publiée le 27 août 2001 en présence du président Vladimir Poutine, est plus explicite encore. Elle s’en prend directement à l’Alliance atlantique en dénonçant « la pression croissante économique, politique et militaire, exercée par les pays de l’Otan et son extension vers l’Est » (4). Elle déplore également « la diminution brutale des moyens de la Fédération de Russie pour réaliser son activité maritime ».
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