La rupture que constitue le Partenariat oriental est considérée comme une intrusion européenne dans la sphère d’influence de Moscou. La Russie a limité, à court terme, le rapprochement des pays du « voisinage commun » avec l’Union européenne, mais, à long terme, la question demeure.
Les réponses de la Russie aux politiques de l’UE, sources d’insécurité dans leur voisinage commun ?
Russian responses to European Union Policies–Possible Sources of Insecurity for Near Neighbours
The EU’s Eastern Partnership is considered by Moscow as European intrusion into its sphere of influence. For the short term, Russia has limited any rapprochement of its close neighbour countries with the European Union, but doubt surrounds the longer term.
Depuis la fin des années 2000, les pays situés entre l’Union européenne (UE) et la Russie (1) sont devenus, pour ces deux acteurs, l’enjeu de rivalités croissantes. Cette lutte d’influence a culminé en Ukraine, où se sont enchaînés en 2013-2014 une profonde crise politique et un conflit territorial qui perdure. Pourtant, le partenariat stratégique lancé entre Bruxelles et Moscou au début des années 2000 prévoyait une coopération entre les deux acteurs dans ce qui deviendrait, après l’élargissement de l’UE, leur « voisinage commun ». Dès lors, comment ce voisinage « commun » est-il devenu, en l’espace d’une décennie, un voisinage « contesté » ?
Cet article analyse, d’une part les facteurs qui, dans les politiques de la Russie, ont contribué au développement d’une lutte d’influence avec l’Union européenne et d’autre part les conséquences de ces politiques en Europe de l’Est et au Caucase du Sud. Il interroge tout d’abord les perceptions russes de l’action européenne et leur rôle dans la formulation de politiques qui ont nourri la montée des tensions. Il explore ensuite les implications régionales des politiques conduites par Moscou et de leurs interactions avec celles de l’UE. Enfin, il souligne les conséquences sécuritaires des projets d’intégration économique mis en place par Bruxelles et Moscou.
Le Partenariat oriental de l’Union européenne, une initiative jugée menaçante par la Russie
Au printemps 2009, l’UE lance, dans le cadre de sa politique de voisinage, une nouvelle initiative destinée spécifiquement aux pays d’Europe de l’Est et du Caucase du Sud, le Partenariat oriental. Ce Partenariat propose aux voisins, en échange de réformes substantielles, une association politique et une intégration économique approfondie avec l’UE, ainsi que l’élimination de l’obligation de visas Schengen. Bien qu’elle n’envisage pas l’adhésion des pays partenaires à l’UE, la nouvelle initiative européenne suscite en Russie de vives inquiétudes qui contrastent avec les réactions en demi-teinte exprimées lors de la création de la politique de voisinage en 2003-2004. Quoique suspicieuse à l’égard de cette politique, la Russie doutait de sa capacité à renforcer l’influence de l’Union européenne dans des pays post-soviétiques, notamment en raison du fait que l’UE les unissait dans un même cadre politique aux pays du Sud de la Méditerranée.
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