L’OTSC, dominée par la Russie, rassemble les six républiques ex-soviétiques restées fidèles au Traité de Tachkent de 1992. Malgré les turbulences de la crise ukrainienne, elle poursuit son intégration sous l’impulsion de Moscou, réaffirmant son leadership. La mise en place de forces armées partagées est une des priorités de l’OTSC.
L’OTSC : une réaffirmation du leadership russe en Eurasie post-soviétique ?
The CSTO: Reaffirmation of Russian Leadership in post-Soviet Eurasia?
The Russian dominated Collective Security Treaty Organisation (CSTO) unites the six former Soviet republics that have remained loyal to the 1992 Tashkent Treaty. Despite the Ukrainian crisis, Moscow continues to push for greater integration and in doing so is reaffirming its leadership. Establishing collective armed forces is one of the CSTO’s priorities.
L’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) est conçue par la Russie comme l’équivalent eurasiatique de l’Otan. À l’instar de l’Union eurasiatique sur le plan économique, l’OTSC incarne la volonté de Moscou de se présenter comme le garant de la stabilité de l’Eurasie post-soviétique (1). C’est dans cette perspective que la Russie promeut l’établissement de relations directes entre l’Otan et l’OTSC, qui permettrait un partage des zones de responsabilité entre les deux alliances militaires. Selon certains spécialistes, une telle approche, qui associerait les mécanismes régionaux commencés par la Russie aux structures occidentales, serait particulièrement prometteuse pour la sécurité pan-européenne (2). Elle s’est heurtée au refus des États-Unis de remettre en cause le monopole des structures euro-atlantiques en matière d’intégration économique et sécuritaire sur le continent européen, et semble en tout état de cause durablement compromise par les effets de la crise ukrainienne. La montée des tensions avec les pays occidentaux qui se sont cristallisées autour de cette crise et la désignation de la Russie comme l’adversaire stratégique de l’Otan placent l’OTSC dans une autre perspective.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2014, Moscou met en avant l’OTSC comme une forme de contrepoids à l’Alliance atlantique, même si les autorités russes doivent tenir compte de la position de leurs alliés qui ne souhaitent pas être entraînés dans une confrontation avec les pays occidentaux et qui sont très critiques à l’égard de la politique russe envers l’Ukraine. Moscou n’en poursuit pas moins ses efforts pour renforcer les moyens opérationnels de l’OTSC. Le différentiel croissant entre une armée russe réformée et bien équipée, et les moyens limités des forces armées des autres États-membres de l’OTSC incite ces derniers à se montrer réceptifs aux propositions russes dans un contexte de montée des menaces sécuritaires et de risque de déstabilisation des régimes en place. De fait, la lutte contre toutes les formes d’« ingérence » constitue le principal dénominateur commun entre les États-membres d’une organisation qui reste marquée par des agendas différenciés au niveau régional.
La sécurité collective face aux divisions post-soviétiques
L’OTSC (en russe : Organizaciâ Dogovora o Kollektivnoj Bezopasnosti, ODKB) a été fondée en octobre 2002 par six républiques ex-soviétiques : la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. Il s’agissait d’institutionnaliser la coopération militaire et sécuritaire qui s’inscrivait dans le cadre du Traité de sécurité collective signé à Tachkent le 15 mai 1992. À l’origine, ce dernier avait pour vocation de rassembler l’ensemble des États-membres de la Communauté des États indépendants (CEI). Mais plusieurs pays avaient d’emblée refusé d’y participer (Ukraine, Moldavie, Turkménistan) tandis que d’autres s’en sont retirés en 1999 pour cause de conflits séparatistes et de rapprochement avec l’Occident (Géorgie et Azerbaïdjan). La position de l’Ouzbékistan a été plus fluctuante : Tachkent, qui avait également quitté le Traité en 1999 lors de son tournant pro-occidental, avait rejoint l’OTSC en 2006 sur fond de brouille avec les États-Unis à la suite des événements d’Andijan (3). Mais en 2012, Tachkent annonçait la suspension de sa participation à l’OTSC, issue logique de son refus de toute défense collective.
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