Soviet Penetration Into the Middle East (May 1957)
La pénétration soviétique au Moyen-Orient (mai 1957)
L’implantation soviétique au Moyen-Orient, dont on constate actuellement les effets, est fort récente puisqu’elle n’a débuté qu’après la mort de Staline. Jusqu’alors on ne pouvait imaginer que la politique soviétique put un jour devenir « orientale » par des voies pacifiques. Le manichéisme étroit mis en honneur par Jdanov en 1948 divisait le monde en deux blocs irréductibles sans qu’il y eût place entre eux pour une troisième « voie ». Dès lors la soviétisation du Moyen-Orient ne pouvait se concevoir que par trois moyens : révolution prolétarienne violente ; éclatement des pays de populations pluri-nationales par l’action de minorités dynamiques pro-russes (Kurdes ou Azéris en Iran par exemple) ; enfin occupation militaire par l’Armée Rouge. Or, Staline, et avec lui tous les théoriciens soviétiques, n’ont jamais envisagé sérieusement de telles solutions dont ils pressentaient l’inanité. Ils ne pouvaient faire confiance aux qualités révolutionnaires d’un prolétariat local inorganisé et très limité ; ils savaient aussi que la sensibilité panarabe ou paniranienne s’opposerait toujours efficacement à un séparatisme quel qu’il soit ; enfin ils ne voulaient pas courir le risque d’une troisième guerre mondiale qu’eut inévitablement déclenchée une intervention militaire soviétique. Ces réticences sont pleinement apparues dans le refus soviétique de soutenir en Iran les mouvements séparatistes d’Azerbaïdjan et de Mahabad en 1946, et la révolution Tudéi en 1952.
Depuis la fin de Staline, par contre, l’URSS a entrepris, sous le couvert commode de la « coexistence pacifique » de propager le communisme en Orient. Au dualisme rigide des maximes Jdanoviennes s’est substituée une doctrine infiniment plus souple qui admet que le socialisme puisse passer par des voies nationales différentes du modèle russe. Grâce à cette évolution doctrinale, l’URSS peut désormais entreprendre la conquête du Moyen-Orient en jouant de diverses forces qui sont autant d’auxiliaires, parfois inattendus et involontaires mais toujours précieux, du communisme.
De multiples forces servent le communisme
L’Islam ne peut empêcher l’expansion communiste !
L’Occident a longtemps pensé que l’Islam était irrémédiablement opposé au communisme, et pouvait servir de rempart contre lui. En réalité, les deux idéologies si elles sont inconciliables dans le fond, offrent dans la forme une parenté d’esprit qui ne peut manquer de séduire. Toutes deux recherchent une société universelle basée sur l’égalité et la justice sociale ; toutes deux allient un vague idéalisme social à une réaction quasi-puritaine contre le relâchement du monde ; toutes deux enfin envisagent les réformes sous la forme d’un cataclysme ou d’une révolution qui changeraient l’ordre établi d’une manière brutale et instantanée.
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