Reagan Gorbatchev - Reykjavik, 1986 : le Sommet de tous les espoirs
Reagan Gorbatchev - Reykjavik, 1986 : le Sommet de tous les espoirs
Dans la chaîne des événements qui ont conduit à la chute de l’Union soviétique, la rencontre de Reykjavik de 1986 entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev sur l’abolition des armes nucléaires a joué un certain rôle. Le journaliste Guillaume Serina raconte dans un essai historique les coulisses de ce « Sommet de tous les espoirs ». L’économie soviétique, épuisée par la longue guerre en Afghanistan, l’aide prodiguée au camp socialiste et la chute des prix du pétrole, qui commence en octobre 1986, pouvait difficilement supporter les coûts que représentait pour elle la compétition militaire avec les États-Unis. Le modèle socialiste a perdu la guerre avec l’échec des négociations de dernière chance entre Américains et Soviétiques au cours des années 1980.
Particulièrement marquée dans les années 1950 et 1960, la guerre froide s’était estompée dans les années 1970 avec la période de la « détente » et la signature des premiers Accords SALT (Strategic Arms Limitation Talks). Les années 1980 virent la tension repartir entre les deux superpuissances. La course aux armements fut relancée après l’installation par les Soviétiques de missiles de plus en plus performants braqués vers l’Ouest, les SS-20. Émergea alors le projet américain de mise en place d’un véritable bouclier spatial contre les fusées soviétiques, connu sous le nom de l’Initiative de défense stratégique (IDS), rebaptisé « guerre des étoiles » (Star Wars) par les médias.
C’est dans ce contexte que, après les disparitions successives de Yuri Andropov en 1983 et Constantin Tchernenko, au début 1985, vieux et frêles apparatchiks, arriva au Kremlin Mikhaïl Gorbatchev, dont la jeunesse relative (54 ans) et l’ouverture d’esprit semblaient pouvoir contribuer à des changements significatifs dans les relations entre les deux superpuissances. Conscient des coûts de la machine militaire pour l’économie de l’URSS (10 à 15 % du PIB), le nouveau numéro un soviétique veut faire évoluer la donne. Mikhaïl Gorbatchev a en face de lui un Président américain qui entame son second mandat et qui, malgré sa ferveur anticommuniste, souhaite s’attaquer à la menace nucléaire et aboutir à un accord qui fera de lui un « pacificateur » pour l’Histoire. Guillaume Serina dresse leur portrait, sans oublier de rappeler leurs milieux respectifs, pour expliquer les motivations personnelles qui les conduisent à ouvrir les négociations avec l’ennemi.
Il expose les enjeux de ces négociations, avant d’entraîner le lecteur dans le cœur des débats du Sommet de Genève, en novembre 1985, et de ceux de Reykjavik, en octobre 1986, qui constituent le cœur de son ouvrage. On entre dans la tête et le cœur des deux Présidents et leurs conseillers, racontant avec un suspense quasi-romanesque la manière dont les événements se sont déroulés dans les deux capitales, dans l’intimité des salons « au coin du feu ». Le lecteur suit les attentes, les enthousiasmes, les déceptions, les rapports de force, les limites des propositions et de la volonté politique des protagonistes. Il s’est joué à Genève et à Reykjavik une partie de poker dont personne n’est sortie victorieux. Pourtant à Reykjavik, on est passé à deux doigts d’un accord historique. « Les 11 et 12 octobre 1986, le Sommet de Reykjavik aurait pu mettre un terme à l’affrontement nucléaire opposant l’Est et l’Ouest ». ♦