Le soldat doit rester d’abord un combattant, même si le contexte stratégique français a tendance à fusionner théâtres d’opérations extérieures et territoire national. Certes, il y a de nouvelles menaces comme le terrorisme islamiste, mais la guerre reste une réalité qu’il faut affronter, au risque de la mort.
Repenser le combattant dans le contexte stratégique français ?
Rethinking the Combat Soldier in the French Strategic Context
Although the current French strategic context is tending to blend overseas theatres of operations with what is happening domestically, the fact remains that the combat soldier must remain above all a fighter. There are, of course, new threats, such as Islamist terrorism, but war remains a reality that has to be confronted at the risk of death.
Le déploiement de milliers de combattants sur les théâtres d’opérations extérieures et sur le territoire national dans le cadre de l’opération Sentinelle, semble valider l’interdépendance entre les questions de défense et de sécurité. Il est vrai que la globalisation de la menace et l’apparition de groupes ou entités non-étatiques utilisant des techniques de terrorisme aux niveaux national et international semble le justifier. Toutefois, l’apparition de « nouvelles menaces » (1) ne fait pas disparaître le possible recours à la guerre étatique par des moyens conventionnels. Certaines régularités doivent interroger les tentations de penser un changement stratégique en dehors de toute dimension systémique. Celles-ci nécessitent davantage de penser le combattant comme soldat plutôt que d’adapter sa nature et ses fonctions aux problématiques sécuritaires.
De la nature du combattant dans le contexte stratégique français
Même si l’évolution du système international – chute du bloc de l’Est, attentats du 11 septembre 2001 – induit des tournants de la politique de défense et donc l’écriture d’un nouveau Livre blanc, certaines régularités demeurent. On peut en relever trois, bien qu’elles soient parfois contestées par divers courants théoriques. La première, largement développée par les théoriciens, est celle de l’anarchie dans les relations internationales qui rend le système international instable et laisse les États dans une incertitude constante et donc dans la nécessité de se protéger militairement contre de potentielles velléités belliqueuses. L’absence d’une force suprême capable de contraindre les États est un leitmotiv majeur dans la conduite d’une politique de défense. Ensuite, on peut noter la persistance de la guerre interétatique comme possible continuation d’une politique. Face à la tentation de penser un « monde sans guerre », un monde « arrivé à la fin de l’Histoire » dans lequel l’État serait devenu impuissant, rappelons que la guerre interétatique est toujours possible et que sa nature n’a pas changé (2). Enfin, dernière régularité : l’ennemi existe toujours, même si celui-ci n’est plus clairement identifiable ou plus clairement identifié (3). L’interpénétration des menaces internes et externes ne fait pas disparaître les seules menaces extérieures. Si la menace du terrorisme islamiste semble prééminente, elle ne fait pas disparaître d’autres ennemis, étatiques ou non, et peut-être même plus dangereux. Au final, le contexte stratégique français – bien qu’il ait sensiblement changé (4) – reste marqué par plusieurs régularités. C’est face à celles-ci que le combattant doit continuer d’être pensé.
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