La résilience est un concept relativement nouveau dans le champ des sciences sociales et trouve toute sa pertinence notamment face au terrorisme. En effet, l’action terroriste vise à affaiblir la capacité d’une nation à résister à de telles attaques, dissociant opinion publique et autorités politiques. Développer une culture de résilience est donc indispensable.
Le concept de résilience face au terrorisme
The Concept of Resilience in the Face of Terrorism
Resilience is a reasonably new concept in the field of social sciences. It takes on relevance in the face of terrorism in particular, since terrorism aims at weakening the capability of a nation to resist such attacks and setting public opinion against the political authority. It is therefore essential to develop a culture of resilience.
Terme jusque-là principalement usité dans les sciences (1), notamment dans la métallurgie et la mécanique pour mesurer la résistance de certains matériaux à différentes contraintes jusqu’au point de rupture, puis vulgarisé ensuite par le psychiatre Boris Cyrulnik pour désigner la capacité individuelle à surmonter un traumatisme (2), le concept de résilience a été introduit dans le champ des sciences sociales et de la stratégie, essentiellement depuis les attentats du 11 septembre 2001, pour qualifier la capacité de l’ensemble d’une entité politico-stratégique à fonctionner en absorbant les chocs d’attaques répétées.
Au niveau de la nation entière, « la résilience se définit comme la volonté et la capacité d’un pays, de la société et des pouvoirs publics à résister aux conséquences d’une agression ou d’une catastrophe majeure, puis à rétablir rapidement leur capacité de fonctionner normalement, ou tout au moins dans un mode socialement acceptable. Elle concerne non seulement les pouvoirs publics, mais encore les acteurs économiques et la société civile tout entière » (3). Apparu dans les textes officiels avec le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008, le concept de résilience prend d’abord en France un caractère essentiellement institutionnel, touchant l’organisation des pouvoirs publics, les priorités retenues dans les capacités de renseignement, d’analyse et de décision, ainsi que la coopération entre l’État, les collectivités territoriales et les entreprises privées dans les secteurs considérés ici comme stratégiques : énergie, communication, santé, alimentation (4). En revanche, le rôle des forces morales en général et de la population en tant que telle n’est pas mentionné. Par la suite, le Livre blanc de 2013 témoigne cependant d’une évolution à cet égard. Sans abandonner son lien avec la notion de continuité des fonctions essentielles du pays, la résilience y est appréhendée comme un objectif situé dans le prolongement du lien armées-nation, considérant que « [l’]appropriation collective de la stratégie de défense et de sécurité nationale est la condition sine qua non de la résilience de la Nation » et que « le recrutement, la reconnaissance du métier des armes, le soutien de la population à l’action des forces ainsi que la capacité de résilience face à une crise dépendent en grande partie de la vigueur du lien qui unit ces forces à la société française » (5).
Un concept miroir de la vulnérabilité des sociétés hétérogènes
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