Envoyez les hélicos !
Envoyez les hélicos !
« L’aviation légère de l’Armée de terre est l’arme de l’urgence ». Ces mots du colonel Pierre Verborg, chef du premier groupement aéromobile (GAM), désignent parfaitement le caractère de cette unité d’hélicoptères performante et redoutable à laquelle les autorités font appel quand « la guerre s’enlise » et que les argentiers commencent à faire les comptes. L’auteur en profite pour dénoncer les restrictions budgétaires, déjà en 2011, qui ne permettaient pas d’équiper tous les appareils d’ancienne génération avec le système de leurrage automatique, essentiel à leur protection lorsqu’ils subissaient des tirs de missile.
Même si, pour certains, cette aviation de l’Armée de terre n’est qu’une arme d’appui et de soutien qui coûte cher, l’ALAT entre ciel, terre et mer, « un peu de vert dans un monde bleu marine et bleu ciel », est une arme de contact de portée stratégique dont son mode d’action de « commando, sans avoir à mettre un pied au sol » est indispensable pour accélérer la résolution des conflits ou des crises de longue haleine. N’oublions pas également son rôle d’assistance civile, au secours des populations ou des ressortissants blessés ou en danger, lors d’évacuations de zones sensibles.
Comme pour les forces spéciales, le niveau d’engagement est plus important quand l’État fait appel à cette unité d’élite, dont les hommes et les femmes ont une perception aiguë du danger et du risque de pertes humaines lors des missions, tel un crash d’un ou plusieurs hélicoptères en territoire ennemi. La capacité d’analyse et d’aptitude à décider dans l’urgence est essentielle. Le colonel Verborg témoigne des choix difficiles à prendre au profit de tous : « Les combats sont une succession de décisions qui peuvent imposer d’en sacrifier un pour en sauver dix ou de faire le choix inverse ». Dans ces moments-là, l’intuition peut alors dépasser les convictions.
Il faut reconnaître la prouesse technique et la précision des pilotes lors des décollages de nuit des hélicoptères du pont du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre, car toujours dangereux, même maîtrisés. La symbiose entre l’ALAT et la Marine nationale apporte une dynamique collective indispensable au bon déroulement de ces phases.
Cet ouvrage, « Carnets de guerre - Côte d’Ivoire - Libye - Mali », nous fait découvrir précisément cette arme singulière au cœur des équipages qui la composent et nous fait partager son parcours, de l’entraînement jusqu’aux attaques, en étroite coopération interarmées avec la Royale lors de l’opération Harmattan ou avec les troupes au sol du 92e RI pendant la bataille d’Iménas.
Nous conclurons cette analyse par la dédicace originale de l’auteur : « Il ne peut y avoir d’actions de guerre réussies sans réflexions profondes… surtout pour ceux qui montent à l’assaut. Que ces quelques témoignages vous transportent au cœur de ce système d’Hommes décisif au service des Français dans un monde en guerre. »