La France dispose d’atouts majeurs pour ses industries d’armement. À l’horizon 2030, dans un monde instable, de nouveaux cadres innovants de coopération seraient judicieux, permettant ainsi de capitaliser sur nos compétences mais aussi d’élargir nos marchés avec des partenaires notamment asiatiques, comme le Japon et la Corée, et pourquoi pas avec la Russie.
Cadres de coopérations innovants pour la France en matière d’armement à l’horizon 2030 : contexte et perspectives
Frameworks for Innovative Cooperation on Armaments for France in 2030: Context and a Look at the Future
The French armaments industry has a number of major advantages, yet looking ahead to 2030, and given our unstable world, it would seem sensible to create new frameworks for cooperation. These would allow us to capitalise on our competences and also to expand our markets particularly into Asia—such as with Japan and Korea—and perhaps with Russia, too.
Après avoir connu des soubresauts, l’Europe de la défense, confrontée à un contexte de plus en plus mouvant et instable nécessite encore plus aujourd’hui des actes concrets au travers par exemple de coopérations plus efficaces.
Combiné à la course à l’armement relancée par les États puissances comme les États-Unis, la Chine, la Russie, une approche ambitieuse serait nécessaire au regard du contexte actuel caractérisé notamment par un regain de tension entre les pays, en particulier en Asie du Sud Est, un désintérêt (temporaire ?) des États-Unis pour l’Europe, une crainte de la Russie en Europe de l’Est, la montée des nouvelles technologies duales, le terrorisme physique ou virtuel… Même si l’Europe s’est construite avec une culture pacifiste, la question de sa défense est à présent posée, pour la dépendance aux États-Unis.
La France a une position singulière en Europe. Son choix d’autonomie stratégique l’a conduite à définir une posture de défense forte (dissuasion, capacité d’entrée en premier, opérations extérieures nombreuses) qui lui impose un effort soutenu sur l’ensemble des composantes de la défense. Afin de le réduire, elle a recherché et noué des partenariats, surtout en Europe où l’ensemble des pays a continûment réduit les investissements de défense depuis la chute du mur de Berlin. Le retour d’expérience sur des programmes d’envergure souligne, d’une part une mauvaise image attachée à l’Union européenne, et d’autre part, de fréquents écueils liés aux principes actuels de coopération et à un euroscepticisme grandissant. Ces écueils se caractérisent par de trop nombreux partenaires organisés autour d’une gouvernance complexe et donc souvent peu opérationnelle, un besoin mal défini donnant naissance à de multiples versions, des quantités commandées finalement réduites, le principe de « juste retour industriel » appliqué à l’excès, entre autres. Ces éléments ont souvent conduit à des retards et des surcoûts successifs. S’ajoute à ces faiblesses une concurrence mortifère entre les industriels européens de même domaine, réduisant les opportunités de coopération. Malgré ces difficultés avérées, des facteurs de succès ont été identifiés au regard de l’examen de certains programmes (A400M, Horizon, NH90, Tigre, Musis, Teutates, Boxer, Fremm) : une vision partagée des menaces et de la stratégie entre les partenaires, un nombre réduit de ceux-ci, utilisation des compétences industrielles démontrées, un leadership assumé et accepté, une volonté politique pérenne, un nombre limité de versions et une cible capacitaire stable dans le temps. Seul, ce socle de facteurs peut garantir aux pays bénéficiaires le respect des exigences tant calendaires, que financières et opérationnelles.
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