La Turquie d’Erdogan a remis en cause les fondements imposés par Atatürk à partir des années 1920. Il s’agit de retrouver une identité ottomane antioccidentale et musulmane, en considérant que la culture démocratique n’a pas réussi à s’enraciner durablement dans l’opinion publique.
Turquie : Erdogan ou la revanche sur Atatürk
Turkey: Erdogan or Turning Against Atatürk
Erdogan’s Turkey is challenging the foundations set in place by Atatürk, which began in the nineteen-twenties. It is looking to re-establish an anti-Western, Ottoman and Muslim identity through declaring that democratic culture has not taken root over the long term in Turkish public opinion.
Dans la perception occidentale, la Turquie était un pays musulman, mais un État laïque, candidat à l’adhésion à l’Union européenne, membre de l’Otan depuis 1952, alliée loyale dans le contexte de la guerre froide. En se contentant de cette réalité partielle, on n’était guère troublé par les coups d’État, le recours fréquent à la violence en politique. Le malaise actuel vient de ce que la politique menée depuis quelques années par Ankara tourne le dos à ce qui a été édifié, depuis l’abolition du Califat en avril 1924 et l’instauration de la République.
La situation est devenue encore plus complexe depuis 2011, c’est-à-dire le « Printemps arabe », et l’implication de la Turquie dans les affaires du Moyen-Orient arabe, en particulier dans la guerre civile syrienne. La mise à mal du partenariat stratégique avec Israël a contrarié Tel-Aviv et Washington… Quant aux Kurdes, ils ont repris les armes et ils n’hésitent pas à avoir recours au terrorisme.
D’aucuns affirment que Recep Tayyip Erdogan redéploie sa politique sur l’espace ottoman. Il y a deux aspects à comprendre dans cette confusion : la première est que la Turquie est à la recherche de son identité. La seconde est que la culture démocratique n’a pas réussi à s’enraciner.
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