Après la fin des empires coloniaux et le partage du monde en deux blocs antagonistes, de nouvelles puissances apparaissent, désireuses de se constituer, à défaut d’empires militaires, des aires d’influence et de pouvoir, au risque d’accroître des antagonismes historiques, en particulier, au Levant.
La résurgence des empires (2/2) : les hélicoïdes parallèles de trois empires (perse chiite, turc et saoudien sunnites)
The Resurgence of Empires(2/2): the Contemporary Twists and Turns of Three Empires (Persian-Shiite, Turkish and the Saudi Sunni)
With colonial empires consigned to history, and with the end of a world divided into two antagonistic blocks, we see the appearance of new powers that, in the absence of military empires, are looking to create zones of influence and power. They bring with them the risk of rekindling historical antagonism, particularly in the Levant.
Un facteur de refractionnement vient accroître le niveau de complexité de la réalité internationale, celui de la renaissance des empires dans le paysage géopolitique contemporain. Elle profite de la fragilité d’États contigus à des États conquérants, eux-mêmes contraints à une expansion territoriale ou maritime par leur propre croissance démographique, aggravée par les premiers effets profonds de changement climatique et d’épuisement de leurs ressources naturelles.
Les empires coloniaux européens ont disparu au tout début des années 1960 et voilà qu’un demi-siècle plus tard trois nouveaux empires réémergent, la Chine, l’Iran et peu à peu la Turquie. L’Arabie saoudite accède progressivement au rang de grande puissance musulmane tandis que la Russie se reprend après avoir perdu son empire, parti en peau de chagrin. Une fois brossées les grandes lignes de force de la renaissance impériale chinoise dans un premier article, il faut scruter trois ambitions impériales ethnicoreligieuses : celle de l’Iran, celle de la Turquie et celle de l’Arabie saoudite.
La combinaison de trois facteurs accroît progressivement les risques de crise au Moyen et au Proche-Orient. En premier lieu, il s’agit de la croissance démographique, en deuxième lieu, du changement climatique et en troisième lieu, de la fin prochaine de leurs ressources en hydrocarbures, au moment où la conversion depuis une économie de rente vers une économie industrielle et de services n’est pas encore achevée. C’est l’instant où trois États forts entrent en mouvement pour recréer leurs propres zones d’influence : l’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite. Mais cette création se fait dans la violence et les États faibles qui sont leur cible en font l’amère expérience.
Il reste 91 % de l'article à lire