Une guerre sans fin
Une guerre sans fin
Un grand merci à Pierre Lellouche ! L’un de nos plus éminents stratégistes dénonce le péril islamiste. La crainte d’être étiqueté islamophobe retient la plupart de ses confrères dans une prudente réserve, voire dans la complicité inconsciente des « idiots utiles ». L’ennemi, en cette guerre annoncée, est ici clairement désigné. Le drapeau de Daech illustre la couverture, le titre donne la mesure du danger, « guerre sans fin », et dès le premier chapitre le paysage est planté : à Saint-Denis, la basilique est désormais au cœur d’une ville étrangère. L’auteur se donne d’emblée les coudées franches. Il dénonce le « pas d’amalgame », exhortation vertueuse selon laquelle ce que nous tenions pour l’ennemi n’est que dévoiement d’une « religion de paix et de lumière » (Jack Lang).
Dès le début, l’auteur précise ce dont il va parler. Il dresse la chronologie des attentats islamiques depuis janvier 2015 : dix-huit pages bien remplies. Cette évidence accablante, nos dirigeants la nient : interdit de penser ! Veillera au respect de cette interdiction une structure dédiée, « Observatoire de l’islamophobie ». La fille aînée de l’Église, déchristianisée, est pleine d’égards pour l’islam. Edwy Plenel est le défenseur attendu de la religion du Prophète comme, plus surprenant, François Heisbourg. Ces bons apôtres font école et nos immigrés militent. Ils sont, à vrai dire, en terrain ami. Avant Marx, nos révolutionnaires voulaient du passé faire table rase. Leur victoire : la loi de 1905 et la laïcité à la française, victoire confortée par une société sans mémoire historique.
Pour la raviver, Lellouche survole quinze siècles d’histoire, en deux parties : flux et reflux, soit la conquête musulmane profitant du déclin des Carolingiens et des Byzantins, puis l’échec devant Vienne en 1683 (merci ! mon Dieu) et la déconfiture, scandale pour les musulmans contraints à l’introspection, pénible besogne. Le dépeçage de l’empire Ottoman, décidé par l’Accord Sykes-Picot dès 1916, annonce le désordre actuel, mais aussi la montée d’un islamisme réactionnaire favorisé par l’espoir déçu des « printemps arabes », lesquels n’ont abouti qu’à une « stabilité gérontocratique » qui fait le lit d’un islamisme populaire radical.
La troisième partie du livre nous place au cœur du sujet : chez nous. Le phénomène migratoire y atteint dès 2015 des proportions inédites, dont l’auteur nous donne la mesure. Les projections des démographes sont implacables : 1,6 milliard de musulmans dans le monde en 2010, 2,8 milliards attendus en 2050 – pour 2,9 « chrétiens », catégorie qui, peu à peu, vire aux « sans religion ». Droit du sol, regroupement familial, détournement du droit d’asile, en 2020 l’UE comptera, si les choses continuent leur train, autant d’Arabes que d’Européens, résultat d’une immigration non voulue, mais « subie ». Au demeurant, nos gouvernants, conscients du danger, ont choisi de le dissimuler : combien d’immigrés musulmans en France ? Il ne serait pas convenable de les décompter précisément. Les estimations tablent sur 4 à 5 millions, ce qui place notre pays en tête des pays musulmans d’Europe.
Voici donc, dernière partie du livre, « la guerre en face », Quatrième Guerre mondiale, ose l’auteur. Nous y sommes bien mal engagés, étant – je vous ai dit que Pierre Lellouche parle sans fard – « presque totalement sortis de (notre) propre histoire religieuse ». Tout jugement moral nous est désormais impossible. Sur le front intérieur, le rapport Tuot (conseiller d’État s’il vous plaît) recommande d’en finir avec « la célébration angoissée d’un passé révolu, d’une France chevrotante et confite dans des traditions dépassées ». Christian Jambet commente ; « des hommes égaux dans leur équivalence morte, sans le moindre préjugé moral ou culturel ». Un vide abyssal, que seul l’islam a l’ambition de combler. S’en inquiète-t-on ? Que non ! C’est à l’inverse : il existe en France un « Collectif contre l’islamophobie » et les fichés S touchent le RSA. Alors, tout est dit ? La conclusion de l’auteur est plus avertissement que message d’espoir : « Seules sont remplacées les civilisations mortes ou celles qui désirent se suicider ».