Deux officiers supérieurs de la Gendarmerie nationale, tous deux Saint-Cyriens et brevetés de l’École de Guerre, ont décidé de réunir leurs compétences respectives sur les questions liées au terrorisme et aux mécanismes européens de défense pour écrire leur tout premier livre. Voilà qui est peu courant, et très engageant, et ce d’autant plus que le sujet qu’ils décident d’étudier est paradoxalement de grande actualité, mais peu, voire pas traité. Le directeur de la Gendarmerie nationale, le général d’armée Richard Lizurey n’a pas hésité à rédiger la préface de cet ouvrage en saluant par là même, une belle œuvre de pédagogie et une réflexion d’une grande qualité.

Nombre d’ouvrages traitent de la question du terrorisme, ou de l’Union européenne, mais les deux notions font plus rarement couler d’encre. Cette absence de littérature sur un sujet aussi crucial est probablement révélatrice de la difficulté européenne à penser et à agir de concert dans le domaine de la Politique européenne de défense et de sécurité (Pesc). Il faut effectivement rappeler que les États-membres sont entièrement responsables de leur politique et que l’Union européenne n’a pas son mot à dire en la matière.

Pour mieux appréhender cette thématique complexe les deux auteurs proposent de présenter la valeur ajoutée qu’apporte l’Union européenne aux compétences nationales, en exposant la stratégie de lutte contre le terrorisme dans ses composantes juridiques, financières et politiques.

Les expériences professionnelles en tant que Conseiller sécurité contre le terrorisme à la Délégation de l’Union européenne en Tunisie pour le lieutenant-colonel Franck Peinaud, et dans le cadre d’opérations extérieures en Roumanie et en Afghanistan pour le lieutenant-colonel Grégoire Demezon, permettent au lecteur de bénéficier d’un éclairage de premier plan et d’être renseigné au plus près de la source par les acteurs qui participent à l’élaboration de la lutte contre le terrorisme. Il y a donc de « l’enthousiasme savant » sous la plume de ces deux officiers, dont l’un est docteur en sociologie politique et l’autre, titulaire d’un Master 2 primé par l’IHEDN.

On retiendra que depuis 2005, l’Europe a défini une stratégie de lutte contre le terrorisme, mais que son expression est souvent difficile puisque la défense, tout comme la sécurité, sont des compétences régaliennes. Il appartient bien à chaque État de veiller à la sécurité de ses citoyens car la lutte opérationnelle contre le terrorisme ne relève pas des compétences de l’Union, mais des services répressifs des différents États-membres. Néanmoins, l’adoption du mandat d’arrêt européen, la création des instances policières et judiciaires d’Europol et d’Eurojust, sont autant de mesures démontrant l’implication de l’Union européenne en la matière. L’action de l’UE vient donc en appui de celle des États, car si la sécurité est une responsabilité qui incombe d’abord à chacun des États-membres, ceux-ci ne peuvent pas, en raison de la nature des problèmes soulevés, l’assumer seuls.

Cet ouvrage présente dans un style à la fois documenté et très clair, la politique publique européenne de lutte contre le terrorisme. Il propose des marges de progrès pour combattre avec plus d’efficacité le terrorisme, notamment en limitant le principe d’aller et venir, et en développant des capacités de gestion de crise. Une approche convaincante et pédagogique.