La marine de la Corée du Sud connaît une évolution importante avec une augmentation de son rôle dans le dispositif sécuritaire face à la Corée du Nord. Les ambitions navales de Séoul pourraient s’accroître avec le projet de développement de SNA pour sa flotte sous-marine.
La marine de la Corée du Sud : de la défense côtière aux sous-marins nucléaires ?
The South Korean Navy: from Coastal Defence to Nuclear Submarines?
The South Korean Navy is seeing major changes, with an increase in its role in the security arrangements facing North Korea. Seoul’s naval ambitions look set to grow with the project for the development of SSNs for its submarine fleet.
Aujourd’hui 8e du monde en tonnage (179 675 t) (1), la marine sud-coréenne est considérée comme une « Medium Regional Force Projection Navy », soit le 3e rang (2). Elle n’est surpassée en Asie que par le Japon, la Chine et l’Inde. Elle dispose de capacités équilibrées et très complètes incluant la défense antimissiles, le tir de missiles de croisière, la défense antiaérienne, la lutte antisurface, la lutte anti-sous-marine, les opérations spéciales et les opérations humanitaires. Elle est cependant entravée dans sa progression par sa nécessaire focalisation sur la défense de ses côtes face à la Corée du Nord.
Montée en puissance
De la fin de la guerre de Corée jusqu’au début des années 1990, la marine sud-coréenne est une force auxiliaire à deux titres. D’abord, au sein de forces armées nationales largement dominées par une armée de terre massive. Ensuite, dans l’accomplissement de sa mission. Pendant longtemps, c’est l’US Navy qui fournit le gros des capacités navales pour la défense de la Péninsule. La prise en compte d’un « destin maritime » émerge en Corée du Sud au début des années 1990 (3). Dans le sillage de la démocratisation, en 1993, la domination de l’armée de terre se réduit. Séoul cherche à embrasser la mondialisation. La mise en œuvre de la « Sunshine Policy » engagée par le président Kim Dae Jung à partir de 1998 renforce cette tendance. Un certain optimisme est à l’œuvre : les relations avec le Nord doivent pouvoir être normalisées par le dialogue et des incitations économiques. Il est alors possible d’envisager une marine océanique. Dès 1995, l’amiral An Byeong-Tae reçoit l’aval du président Kim Young-Sam pour se lancer dans la constitution d’une marine de haute mer (4). En 1998, cette démarche est formalisée dans un document fondateur : Navy Vision 2020. L’enjeu stratégique est triple : affirmer son statut de puissance moyenne ; participer à la protection des lignes de communication maritimes dont le pays dépend pour ses exportations comme pour ses importations ; être en mesure de faire face à l’évolution de l’environnement stratégique régional et en particulier de la montée en puissance de la marine chinoise mais aussi japonaise. Les acquisitions reflètent ces ambitions. Le lancement en 2002 du premier destroyer lance-missiles KDX-II de 4 500 t, « Chungmugong Yi-SunShin », disposant notamment de capacités accrues dans le domaine de la défense aérienne de zone et de formes furtives, est une première étape symbolique de ce processus qui se poursuit depuis à marche rapide (5).
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