L’exercice Zapad qui s’est tenu cet été est révélateur des ambitions russes et a suscité une certaine inquiétude au sein de l’Otan. Le message envoyé par Moscou est d’abord d’ordre politique même si Zapad est un bon révélateur du processus de modernisation des armées russes.
Ce que nous dit l’exercice militaire russe Zapad
What the Russian Military Exercise Zapad Tells Us
Exercise Zapad, which was held this summer, was revealing of Russian ambitions and has aroused a degree of concern within NATO. The message sent by Moscow is mainly political, and yet Zapad is a good indicator of how the modernisation process of Russian armed forces is advancing.
Un exercice militaire majeur n’a jamais l’allure d’une simple routine mais porte en soi des significations politiques et diplomatiques importantes qu’il ne faut pas négliger.
Au début du mois de septembre, les chancelleries et états-majors européens et américains ont scruté avec attention la façon dont la Russie conduisait un exercice militaire majeur en Biélorussie – à la charnière avec la Lituanie – ainsi que dans l’enclave de Kaliningrad, auquel participaient officiellement une dizaine de milliers de soldats biélorusses et russes, appuyés par 70 avions et hélicoptères, 680 véhicules blindés (dont 200 chars), plus de 200 pièces d’artillerie et dix navires (1). Intitulées Zapad 2017 (Ouest 2017), ces manœuvres ont agité les esprits et causé une certaine inquiétude, et d’abord dans les pays baltes et en Pologne : de tous les exercices que mène la Russie, Zapad est peut-être celui qui charrie le plus de fantasmes et alimente le plus de peurs. On raconte ainsi que lors d’une précédente édition, en 2009, l’exercice s’était achevé sur une simulation de frappe nucléaire sur Varsovie (2). Par ailleurs, dans un passé récent, et par deux fois, la Russie a utilisé de tels exercices pour amasser un grand nombre de troupes sur une frontière, puis attaquer un pays voisin, qu’il s’agisse de la Géorgie en 2008 ou de l’Ukraine en 2014. Bien évidemment, la Russie se défend de telles pensées et n’évoque qu’un exercice planifié de longue date, s’appuyant sur un scénario (fictif mais à la mode) de lutte antiterroriste (3).
L’Otan, par la voix de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, s’est pourtant inquiétée du manque de transparence, alors que seuls trois experts de l’Alliance ont été invités… non pour observer le déroulement de l’exercice mais pour la journée des visiteurs officiels de haut niveau, une vitrine qui ne permet en rien d’évaluer ce qui se joue réellement sur le terrain. Les réactions des pays voisins étaient à l’encan : la Lituanie a avancé que la Russie déploierait sans doute jusqu’à dix fois plus de soldats, soit près de 100 000 hommes, pour tester les capacités de réaction de l’Otan (4). L’Estonie, en revanche, a répondu ne rien craindre de ces manœuvres tandis que le chef d’état-major des armées affirmait : « Nous n’avons pas peur. Nous ne nous sentons pas menacés. Nous avons des moyens de réagir, avec des alliés prêts à nous épauler, si on était menacés (5). » Néanmoins, certains alliés se sont sentis suffisamment impliqués pour réagir, à l’instar des États-Unis qui ont pris l’alerte dans le cadre de la police du ciel couvrant l’espace aérien balte et entendent déployer un bataillon parachutiste (6).
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