L’échec du putsch du 15 juillet 2016 a entraîné une très profonde restructuration des forces armées en Turquie avec une purge massive touchant le commandement. Le contrôle politique direct a été renforcé sous la houlette du président Erdogan. Reste à savoir maintenant où en est le niveau opérationnel des armées ?
La restructuration des forces armées en Turquie
Armed Forces Reconstruction in Turkey
The failure of the 15 July 2016 putsch led to fundamental restructuring of the armed forces in Turkey and a massive purge that has affected the command structure. Direct political control has been enhanced under the leadership of president Erdogan. It now remains to be seen what the true operational level of the forces might be.
Le 15 juillet 2016, un putsch visant à renverser le président Erdogan fut mené à partir de la base aérienne d’Akinci près d’Ankara ; 249 personnes périrent et plus de 2 100 furent blessées (1). Soupçonnées d’avoir entretenu des liens qualifiés de « terroristes » avec le mouvement Hizmet de l’imam Fethullah Gülen, en exil aux États-Unis et accusé d’être à l’origine de la tentative de coup d’État, au moins 40 000 personnes ont depuis été arrêtées et plus de 120 000 limogées ou suspendues au sein de l’administration. Pour l’institution militaire, ce sont plus de 40 % des officiers généraux qui ont été limogés (ils étaient au nombre de 358 avant le putsch, dont 32 généraux de gendarmerie), tandis qu’au total 6 000 militaires étaient révoqués, 989 suspendus (2) et 16 000 élèves renvoyés des écoles militaires.
Le 1er août 2017 a marqué le début d’un nouveau procès pour près de 500 suspects accusés d’avoir participé à la tentative de coup d’État. La majorité d’entre eux risquent des peines de prison à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle ; 461 sont déjà en détention, 18 ont été relâchés sous contrôle judiciaire et 7 sont des fugitifs.
Aidé dans sa tâche par l’instauration de l’état d’urgence (prolongé à plusieurs reprises) (3), qui lui permet de gouverner par décrets, le gouvernement turc s’est attaché, dès fin juillet 2016, à achever le processus de subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil entamé en 2003 (4). Le chef d’état-major des armées est désormais fortement limité dans l’emploi des forces et dans le commandement des opérations militaires. Il ne dispose plus de son autorité traditionnelle sur les chefs d’état-major de chacune des trois armées. Le gouvernement s’est également, dans un second temps, lancé dans une nouvelle politique de restructuration des forces armées et des services de renseignement. Par voie de conséquence, des changements majeurs ont eu lieu au sommet de la hiérarchie militaire.
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