Editorial
Éditorial
Il y a un an, la France était en pleine campagne électorale avec de nombreuses interrogations sur notre place dans le monde, notre vision de l’Europe – entre souverainistes et europhiles convaincus – et l’effort de défense à consentir avec le chiffre magique et discuté des 2 % du PIB. La France a choisi et sans ambiguïté. Et de fait, l’accélération du tempo politique a été une réalité – au risque d’un clash sévère cet été.
Les travaux de la Revue stratégique ont été menés tambour battant pour dresser à la fois le cadre géopolitique et les ambitions que notre pays veut assumer. Le dossier du mois de décembre a permis ainsi d’analyser le processus conduit par la Commission et d’en tirer les exigences qui, demain, devront se traduire dans la Loi de programmation militaire 2019-2024, en cours de finalisation. L’enjeu est essentiel, voire vital, pour nos armées et la communauté de défense. L’usure des hommes et des femmes, ajoutée à l’usure extrême des matériels, oblige à un devoir de lucidité et de vérité.
Cela signifie également devoir construire une défense moderne et innovante, capable de relever les défis non seulement à court terme mais aussi à long terme. C’est ce qui ressort du dossier de ce mois autour des futures frégates de la Marine, les FTI, dont l’acronyme répond à frégates de taille intermédiaire et qui pourrait aussi signifier frégates très innovantes. S’appuyant sur l’expérience acquise notamment avec la Fremm, ce programme illustre le saut qualitatif nécessaire pour avoir une plateforme performante et endurante durant trente ans et ainsi voir se succéder des logiciels tous les trois ans dans les équipements en réseaux. Cela nécessite une architecture évolutive et adaptative, et donc un travail d’études et de développement très élaboré, ainsi capable de fédérer les utilisateurs – la Marine – et les concepteurs – la DGA et les constructeurs, à commencer par Naval Group. Les méthodologies présentées ici préfigurent les méthodes de demain qui seront indispensables pour irriguer les choix de la prochaine LPM.
Et si 2017 a été une année dense en termes stratégiques avec la confirmation de l’instabilité du monde confronté au retour des États-puissance et du rapport de force, 2018 ne devrait pas être en reste malgré la trêve olympique de février et un mondial de foot au début de l’été dans la Russie du candidat président Poutine. L’étalage de la force sera certainement au rendez-vous, démontrant que le hard power reste une « valeur d’avenir ». Cela souligne l’importance et le besoin de la réflexion et du débat stratégiques auxquels la RDN contribue comme le montre la diversité des articles de ce numéro. Cela signifie que le croisement des regards et des approches est essentiel pour comprendre et préparer la défense de demain. Regarder devant, sans négliger de tirer les leçons du passé, tel est l’objectif de la RDN pour cette nouvelle année.
Il reste cependant un élément de contexte essentiel : il ne faut jamais oublier que la finalité des écrits publiés ici reste l’engagement de nos forces. Derrière, ce sont des fantassins, des logisticiens, des transmetteurs, des marins, des aviateurs, des médecins, des commissaires… ; des hommes et des femmes de la Défense déployés sur le terrain, y compris sur le territoire national, qui consacrent leur vie pour le succès des armes de la France.
Bonne et heureuse année 2018 à tous. ♦