2018: Between Passion and Reason
2018 : entre passion et raison
Chères lectrices et chers lecteurs de la Revue Défense Nationale, français et étrangers, en France et en hors de nos frontières, l’équipe RDN vous souhaite une bonne année 2018.
Votre Revue anime depuis 1939 le débat stratégique et la diffusion d’idées nouvelles sur les grandes questions nationales et internationales, abordées sous l’angle de la sécurité et de la défense.
Elle s’est enrichie ces dernières années sur son site (www.defnat.com) de « tribunes », « brèves » et « repères » en phase avec l’actualité du moment et que vous êtes de plus en plus nombreux à consulter. Les « florilèges » reprennent des articles qui après plus d’un demi-siècle n’ont pas pris une seule « ride stratégique », témoignant ainsi de la qualité de la pensée de leurs auteurs. « Cahiers » et « e-recensions » complètent une offre qui n’a pas d’équivalent en France. Merci de continuer à la soutenir par vos achats et à en diffuser une excellente image dans vos cercles de réflexion responsable.
Qui dit débat d’idées dit échanges nourris, parfois contradictoires mais toujours constructifs, dans le seul souci de l’intérêt de la France dans son environnement européen et mondial, et de la sécurité des Français où qu’ils se trouvent.
Les propositions d’articles dépassent désormais largement les capacités d’édition de la Revue, quant à sa diffusion sur support papier, et il faut donc relire attentivement, sans les revisiter, le fond et la forme des contributions reçues, voire ne pas retenir celles qui sont hors du sujet. C’est un exercice complexe, que la mise en place du comité de rédaction a rendu davantage fluide et donc efficient. La relation désormais régulière du rédacteur en chef avec les « clients », on dirait les
« grands comptes » dans l’entreprise, donne entière satisfaction et trace une ligne rédactionnelle annuelle adossée à des thématiques pertinentes.
C’est ici le lieu, et aujourd’hui le moment, de féliciter celles et ceux qui contribuent à cette réussite, marquée en 2017 par un quatrième exercice comptable positif consécutif.
L’année 2017 aura été d’une rare densité politique et stratégique.
Les acteurs du « grand jeu » géopolitique nous ont fait courir de surprise en surprise, et ils façonnent peu à peu, au fil de perturbations imprévues – il faut dire « disruptions » dans le « globish » qui nous sert de langue vernaculaire mondiale – un monde inattendu.
Avec 72 % de participation et 51,9 % de votes en faveur du « Leave » en juin 2016, les Britanniques dans leur île-continent dérivent inexorablement vers un ailleurs qu’ils ne semblent pas maîtriser. Ne nous y trompons pas, ils ne reviendront pas.
Le 45e POTUS affectionne de dérouter partenaires et adversaires à l’intérieur et à l’extérieur. Comme le dit un observateur avisé des sciences sociales, il a réussi le miracle de joindre deux pôles traditionnellement éloignés dans les sociétés occidentales, l’élite intellectuelle et en l’occurrence financière sans oublier le peuple « d’en bas » attiré par les extrêmes (ce qui en conséquence écrase les classes moyennes). Sa base est durable et il manœuvre habilement à la conserver. Nous ne le ferons pas bouger, à nous de nous adapter aux déséquilibres qu’il crée, ici et là, de façon beaucoup plus consciente que ce que l’on en pense. La responsabilité de nos dirigeants est entière car il n’y a plus de « filet » du modèle « ONU » pour assurer un minimum de résilience à la paix mondiale.
Les élections de septembre en Allemagne, où la coalition SPD-CDU n’a recueilli que 56 % des sièges au Bundestag, affaiblissent de facto le primat de la chancellerie sur les affaires européennes.
La Russie est sortie de sa relative impuissance et se prépare à une réélection sans surprise de son Président actuel, en mars prochain.
Les cartes politiques au Proche et au Moyen-Orient se refondent sur une base religieuse alors que les plus jeunes des dirigeants cherchent à dessiner « l’après-pétrole ».
Dans ce contexte chahuté, la France est paradoxalement dans une situation historiquement favorable à la protection de ses intérêts, à la promotion de ses valeurs, à la construction de l’Europe qui lui est vitale et au maintien de son autonomie stratégique garante de son existence même. Elle peut en tirer le meilleur parti par le mouvement au sens guerrier du terme
Le président de la République élu en 2017 a donc, naturellement, procédé à une Revue stratégique sous la seule responsabilité du ministère des Armées, ce qui lui permet d’avoir une photographie sans contrainte ou non-dit des enjeux de notre sécurité. Il a lancé des initiatives européennes (PESCO), parlé un langage de vérité en Afrique et fait entendre ailleurs la voix de la France. Il sait que seul un budget fort donne une voix forte.
Le général de Gaulle avait agi ainsi en faisant de la France une puissance nucléaire, donc politique.
Certes, les comptables, responsables des finances de l’État mais pas de la sécurité des Français – chacun son domaine – se frottent déjà les mains mais ils seront sans doute déçus de la suite, comme en témoigne le premier budget 2018 et le confirmera l’exercice de la LPM à venir très rapidement. Ne nous laissons donc pas aller à des querelles gauloises et formons le vœu que la sagesse l’emportera.
Vous avez apprécié l’an dernier que la Revue accompagne et parfois guide tous ces sujets, dont on retiendra entre autres : l’engagement des forces sur le territoire national, totalement indispensable un an après le Bataclan ; la présentation des questions de défense par les candidats à l’occasion de la présidentielle ; la question de la puissance russe retrouvée pour le numéro d’été ; l’engagement opérationnel et l’engagement des forces ; l’armement et l’économie de défense.
Le n° 800 de la Revue, en mai 2017 – un hasard – a mis en lumière la valorisation du fonds d’archives exceptionnel de notre Revue (1). Tous les articles publiés depuis mai 1939 sont progressivement enrichis de leur résumé et de la biographie de leur(s) auteur(s). Plus de 20 000 textes sont disponibles sur commande, au format PDF, depuis n’importe quel support.
Aucun signe d’apaisement n’est annoncé pour 2018. Quelques-uns des thèmes qui vous seront proposés concerneront : les enjeux en Asie, au sens large, dont on parle sérieusement pour la première fois dans la Revue stratégique ; l’Europe appelée à se ressaisir ; l’innovation ; la place et le rôle de l’humain dans les armées modernes, l’environnement social de la société militaire qui est dans la société civile sans en être un clone.
Ce que nous essaierons de faire en 2018 avec la Revue est de vous apporter sur tous ces sujets et bien d’autres encore de la matière, du sens et l’envie de posséder les outils intellectuels de la maîtrise de notre destin commun, avec des auteurs ayant l’expertise du réel, combat compris, et la hauteur de la réflexion, synonyme de culture apprise et assimilée.
Bonne année 2018. ♦
(1) Jérôme Dollé : « La RDN et la mise en valeur de ses “archives” », p. 9-14.