La Seconde Guerre mondiale a été fatale à la plupart des monarchies des pays à l’Est de l’Europe tombés sous le contrôle communiste piloté par Moscou. À l’Ouest, hormis l’Italie, les monarchies purent se maintenir surtout lorsqu’elles surent résister au nazisme à l’image du Royaume-Uni.
La chute des monarchies après la Seconde Guerre mondiale
The Fall of Monarchies After the Second World War
The Second World War was fatal for most of the monarchies of Eastern Europe, whose nations fell under Moscow-led communist control. With the exception of Italy, Western monarchies survived, especially those, like the United Kingdom, which were able to resist Nazism.
Depuis la tourmente de la Révolution française, il est difficile, voire impossible, à un régime politique de survivre à une défaite. Même la IIIe République en fit les frais en 1940. C’est encore plus vrai pour les systèmes monarchiques. La lente démocratisation du continent européen tout au long des XIXe et XXe siècles a beau avoir considérablement réduit les pouvoirs des monarques, en les confinant à des rôles que l’on croit dénués de toute influence, les deux guerres mondiales n’en ont pas moins été fatales pour de nombreux trônes en Europe. Malheur aux vaincus, surtout s’il est roi !
Rappelons pour commencer que la fin de la Première Guerre mondiale provoqua une première onde révolutionnaire qui jeta à bas les souverains des pays vaincus : empires russe, allemand (avec les petits royaumes préunitaires), austro-hongrois et ottoman. Toutefois, les monarchies victorieuses sortirent consolidées de la tourmente, que ce fût au Royaume-Uni, en Belgique ou dans les Balkans. Le souverain, auréolé de son action pendant le conflit, récupérait à son profit l’enthousiasme patriotique de la victoire. Un vaincu conserva néanmoins son trône, la Bulgarie (1).
C’est la raison pour laquelle bien des monarchies continuèrent de jouer un rôle non négligeable pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout d’abord, elles représentaient, en tant que source de légitimité, un gage de la continuité et de la permanence de l’État d’autant plus indispensable face à l’invasion et l’occupation du pays. La fuite du roi préservait ainsi l’autorité de l’État en déniant au gouvernement fantoche installé par l’ennemi la moindre légitimité. C’était un atout, admettons-le, considérable qui manqua à la France, laquelle trouva dans le général de Gaulle un monarque de substitution. Ensuite, malgré le mépris plébéien que le système monarchique, les maisons royales et les familles aristocratiques lui inspiraient, Hitler s’y intéressait de près, n’hésitant pas à utiliser leur capacité d’influence et leurs réseaux (2). Lors des offensives sur le front de l’Ouest, il ordonna à ses troupes de s’emparer au plus vite de la personne du souverain pour mieux briser l’esprit de résistance. Et l’on sait aujourd’hui que Berlin compta très sérieusement sur la disponibilité du duc de Windsor, ex-Édouard VIII, pour renverser les courants churchilliens lors de l’offensive de paix de l’été 1940 (3). À l’inverse, en Italie où le maintien du trône empêcha la fascisation complète des institutions, ce fut à l’initiative du roi Victor-Emmanuel III que Mussolini fut destitué et arrêté en juillet 1943 (4).
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