La Chine a développé sa propre dissuasion en s’appuyant sur une analyse poussée des politiques conduites par les autres puissances. Elle a élaboré à la fois ses propres outils – vecteurs et armes – et une doctrine spécifique adaptée à ses moyens, ses capacités d’ingénierie mais aussi à sa propre philosophie stratégique.
Aperçu sur la dissuasion chinoise : un modèle de résilience
A Look at Chinese Deterrence: a Model of Resilience
China developed its own deterrent by drawing on thorough analysis of the policies conducted by other powers. The country developed both its own materiel (the weapons and their carrying vehicles) and a specific doctrine adapted to its assets, engineering capabilities and to its own strategic philosophy.
La Chine est une puissance nucléaire reconnue depuis la première explosion en 1964 suivie des premiers déploiements d’armes opérationnelles en 1966 et de l’accès au thermonucléaire l’année suivante. Elle dispose depuis quelques années d’une « triade », qui présente toutes les caractéristiques des triades russe et occidentale (américaine et anciennement française), avec cependant des moyens aéronautiques et sous-marins moins performants, car en retard d’une à deux générations. En revanche, la composante balistique semble de niveau quasi équivalent, la Chine ayant accédé assez rapidement à la maîtrise des technologies spatiales y compris MIRV (Multi Independant Rentry Vehicules).
Elle se distingue de la triade américaine actuelle et se rapproche de la triade russe sur un aspect essentiel dans le concept de la dissuasion : celui de la capacité de survie (ou résilience) après une frappe adverse préemptive sans préavis d’alerte, que celle-ci soit massive et décapitante ou au contraire asymétrique. Cette capacité de survie garantissant une frappe en second en toutes circonstances était l’un des fondamentaux posés par les pères fondateurs de la dissuasion nucléaire (A. Wohelstetter et H. Kahn aux États-Unis, V. Solkolovky en URSS, les généraux A. Beaufre,
P. Gallois et L. Poirier en France).
Le concept de résilience existant au niveau du vivant (Darwin) a commencé à être formalisé dans son application aux systèmes complexes (von Bertalanffy) puisa été étendu aux systèmes technologiques et organisations depuis moins de deux décennies (I. Prigogine, N. Wiener, E. Morin). Il fait en France l’objet d’études par le Haut comité français pour la défense civile (HCFDC) et le Centre d’ingénierie, recherche et études en résilience organisationnelle (Ciréro). Dans le domaine militaire, le concept de résilience est appliqué de facto depuis la création des forces armées organisées à l’image de tout organisme vivant confronté à des agressions. Les marins y sont particulièrement sensibilisés, un navire en mer ne pouvant compter que sur ses propres ressources pour faire face à l’imprévu. Il fait l’objet d’un document de réflexion doctrinale interarmées (RDIA) du Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations (CICDE).
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article