Le Brésil est confronté à de multiples défis notamment politiques et dont l’impact se fait ressentir sur le plan économique. La marine constitue un acteur important en contribuant à renforcer la souveraineté brésilienne sur sa ZEE mais également en participant au développement des régions de l’Amazone et en formant de nombreux marins favorisant aussi l’intégration sociale.
Marine brésilienne : fabrique de rationalités étatiques et citoyennes
The Brazilian Navy: Bringing State and Citizen Together
Brazil is confronted by numerous challenges, political ones in particular, which are having an impact on the economy. The Navy is a major player through its contribution to enforcing Brazilian sovereignty over its EEZ and also in participating in the development of Amazonian regions and in training numbers of sailors, actions which together work in favour of social integration.
« Beaucoup de ceux qui reprochent au Brésil impérial d’avoir diffusé une sorte de bovarysme national, grotesque et insipide, oublient que le mal n’a pas diminué avec le temps », écrit le grand historien Sérgio Buarque de Holanda (1). En mars 2014, éclate la crise Lava Jato (lavage express). Ce vaste scandale implique le groupe pétrolier Petrobras et des géants du BTP, accusés de s’être organisés en cartel pour surfacturer de grands marchés publics en arrosant plusieurs partis politiques. Le Parti des travailleurs (PT) et l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva sont éclaboussés. Mais le scandale touche aussi d’autres formations, notamment les centristes du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB).
Réélue en 2014, la présidente Dilma Rousseff – qui a succédé à Lula en 2010 – n’est pas directement accusée de corruption par la justice. Mais en tant qu’ex-ministre de l’Énergie et bénéficiaire des fonds du PT pour sa campagne électorale, elle est éclaboussée par l’affaire Petrobras et accusée de protéger son mentor Lula. Une procédure de destitution est engagée à son encontre le 2 décembre 2015. Lâchée par ses soutiens centristes du PMDB, Dilma Rousseff est écartée du pouvoir puis officiellement démise de ses fonctions le 31 août 2016 et remplacée par Michel Temer, du PMDB, qui assurait déjà l’intérim depuis six mois. Un effet domino fragilise les sommets de l’État. Président par intérim, Michel Temer est très impopulaire. Une crise institutionnelle paralyse les réformes nécessaires au redressement.
Dans ce contexte, la marine brésilienne a besoin d’un budget annuel situé entre 2,4 et 3 milliards de réals (900 millions d’euros), explique son commandant en chef – l’amiral d’escadre Eduardo Bacellar Leal Ferreira – lors d’une audition devant la Commission des relations extérieures et de la défense nationale en mai 2017. Le contexte de restrictions budgétaires, explique-t-il, a entraîné de « grandes difficultés. Le budget pour 2017 est de 2,34 milliards de réals (642 millions d’euros), sans compter les impondérables (…) Nous avons besoin de 800 millions de réals supplémentaires par an pour que le Brésil ait une marine adaptée à ses ambitions, sinon notre flotte de surface risque de disparaître d’ici peu de temps », ajoute l’amiral, révélant que la « Marine brésilienne a été fortement affectée par les réductions budgétaires et vit une situation extrêmement délicate et préoccupante. » Malgré ce contexte difficile, le Brésil doit maintenir coûte que coûte ses programmes stratégiques s’il veut conserver son rang de première puissance latino-américaine, candidat à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et membre à part entière des BRICS (2).
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