Politique et diplomatie - La « guerre des étoiles »… et nous
Le 23 mars 1983, le président Reagan prenait position dans la question, jusqu’alors controversée au sein de l’administration, d’une utilisation éventuelle de l’espace extra-atmosphérique à des fins militaires et d’une relance de la défense antibalistique. Ronald Reagan esquissait en effet « une vision de l’avenir qui donne de l’espoir… Il s’agit pour nous, disait-il, de mettre en route un programme qui, par des mesures défensives, élimine la terrible menace des fusées soviétiques… Je donne des instructions pour qu’un effort intensif soit accompli, dans toutes les directions, afin de définir un programme de recherche et de développement ayant l’objectif ultime d’éliminer la menace créée par les fusées nucléaires stratégiques » (1).
Selon Colin Gray, l’un des inspirateurs de la « vision » présidentielle, « l’élément central de cette vision consiste dans des armes de défense antibalistiques déployées, ou rapidement déployables, ou susceptibles d’atteindre leurs objectifs, dans l’espace extra-atmosphérique » (2). Colin Gray ajoute : « Si une superpuissance pouvait déployer dans l’espace des armes antisatellites (ASAT) assurées de survivre et des armes de défense antibalistiques (BMD), elle serait en mesure d’assurer la survie de sa société et de celle de ses alliés contre une attaque de la plupart des bombardiers et missiles de croisière stratégiques et contre la menace des engins balistiques » (3).
Sans me hasarder à entrer dans un débat technique qui n’est pas de ma compétence sur le caractère réaliste de cette vision, compte tenu des connaissances actuelles, des progrès vraisemblables, et du coût du programme envisagé (4), je me bornerai à quelques observations qui portent sur la nature de la dissuasion, sur l’incidence que la réalisation de ce programme aurait sur la situation politico-militaire en Europe et plus particulièrement sur la valeur de notre armement nucléaire stratégique.
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