La Revue stratégique a été un exercice de style bien conduit avec une efficacité reconnue. Cependant, de nombreuses questions restent sans réelles réponses, hormis l’expression d’intentions politiques. Les véritables ambitions ne seront vraiment définies qu’avec les budgets effectifs de la future Loi de programmation militaire, à condition qu’elle soit respectée dans sa durée.
La Revue stratégique : en attendant les choix
The French Strategic Review: Waiting for Decisions
The French Strategic Review was an effective and well-conducted exercise in style. Nevertheless, numerous issues have yet to receive responses worthy of the name beyond expressions of political intention. The true ambitions of the Review will never be achieved unless the future military programming law gives them the necessary budget and that that law continues to be applied over the long term.
La forte sollicitation des forces, au-delà des contrats opérationnels, de l’éventail des hypothèses et des ressources allouées, a porté les armées à tangenter dangereusement le point de rupture. La menace terroriste change de nature, dans le contexte d’équilibres stratégiques globaux eux-mêmes en déformation, en Europe même, à sa périphérie, en Asie… L’exécutif a souhaité identifier les inflexions nécessaires pour faire face. Pour aller vite, et s’abstraire d’un lourd Livre blanc initial, a été lancée une Revue stratégique « flash » et acérée. Elle a été conduite en trois mois avec efficacité.
Un constat rude et précis
Le diagnostic a été largement partagé : un sombre constat de menaces tout à la fois plus dures, complexes et disséminées. Elles sont cernées, et précisément décrites : de « l’enracinement du terrorisme djihadiste », à l’émergence de nouveaux acteurs militaires, régionaux ou non-étatiques, jusqu’aux retours des puissances « historiques » comme la Russie, ou la Chine, en actions d’intimidation et de fait accompli, en passant par les nouveaux modes d’exercice de la conflictualité violents, imprévisibles et coûteux à contrer. Ces menaces prospèrent alors qu’est par ailleurs remis en cause l’ordre multilatéral, qui connaît affaiblissement des normes, effacement des institutions et des alliances (Brexit, prise de distance américaine…). Le droit passant derrière les droits, « historiques » et particuliers, il fléchit dans la courbure des rapports de force. Alors que s’y ajoute la déconstruction de la modeste architecture de sécurité d’une Union européenne déchirée par la crise des migrants et autres hiatus stratégiques ou économiques, affleure la convergence d’une France moins forte dans un monde plus menaçant.
Une déclaration d’ambition en forme de réponse…
Au terme de la Revue s’affirme essentiellement une ambition : ne pas baisser la garde et investir au contraire sur la défense, pour conserver les capacités permettant de maîtriser les nouveaux bouquets de risques et d’engagements, seuls ou en interactions.
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