L’Arctique reste une zone riche d’enjeux stratégiques et économiques. Après une période de surenchère, elle continue à attirer et à provoquer des approches souvent en rivalité mais aussi des coopérations en particulier dans le domaine scientifique. La région restera un espace où les rapports de force seront de mise.
Les grandes priorités des puissances arctiques
The Main Priorities of the Arctic Powers
The Arctic is an area harbouring high strategic and economic stakes. Following a period of excess, it continues to attract attention and to incite often-opposing interests, yet also cooperation—in the scientific field in particular. The region is one in which balance of force will remain an important factor.
Après une période de surévaluation des enjeux, correspondant aux années 2006-2010, l’Arctique suscite moins d’espoirs, certes. Mais l’avenir qu’on lui prédit est à la fois plus motivé et plus complexe. Les passages russe et surtout canadien ne deviendront pas des boulevards maritimes ; il ne s’agira pas non plus d’un nouvel eldorado pour les hydrocarbures. Les puissances riveraines resteront « chez elles », à commencer par la Russie. D’ailleurs, elles l’avaient clairement affirmé en 2008, avec la déclaration d’Ilulissat (refus d’un traité international, notamment) ; et les puissances non riveraines (en premier lieu, la Chine) y déploient des politiques efficaces de long terme.
De fait, l’approche devient plus nuancée. En ont témoigné, en 2017, des études officielles ou non, plus ou moins fouillées : canadienne (mars), centrée sur les populations autochtones ; française (avril), consacrée par le sénateur André Gattolin à la politique de l’Union européenne pour l’Arctique, faisant suite à la « Feuille de route nationale sur l’Arctique » du « rapport Rocard » (juin 2016) et au rapport de Gerald Stang au Parlement européen (juillet 2016) ; russe (juillet), portant jusqu’à 2030 (entre autres, Moscou dénie à autrui toute supériorité dans le bassin) ; américano-canadienne (décembre), signée par Barack Obama et Justin Trudeau. De plus, la nouvelle Administration Trump (janvier 2017), avec sa dénonciation de l’accord sur le climat, a évidemment modifié la donne.
L’Arctique devient un monde de plus en plus composite. Reste à savoir quel sera le degré de coopération et de rivalité entre les principaux acteurs. L’examen par pays riverains permet de dresser l’état des lieux et de dégager l’évolution des priorités (1).
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