L’Arctique pourrait constituer un véritable Eldorado énergétique pour la Russie avec l’exploitation de gisements de gaz. Cependant, les difficultés restent nombreuses exigeant des réponses coûteuses. Il n’est pas certain que Moscou puisse réaliser tous ses projets par manque de moyens mais aussi de débouchés à l’exportation.
L’Arctique : le nouvel Eldorado énergétique russe ?
The Arctic: Russia’s New Energy Eldorado?
Russia’s exploitation of gas deposits in the Arctic represents a real energy Eldorado. That said, there are numerous difficulties to be overcome, whose solutions will be costly. Lack of assets in general and also of opportunities for export mean that it is far from certain that Moscow will be able to put all its plans into action.
Fin décembre 2017 accostait au terminal Grain LNG (Royaume-Uni) la première cargaison de gaz naturel liquide (GNL) en provenance de l’usine Yamal LNG, située au Nord-Est de la péninsule de Yamal (district autonome de Iamalo-Nénétsie). Au début du mois de janvier 2018, une partie de la production a été réacheminée vers la côte Est américaine suite à une vague de froid ; une grande première dans l’histoire de l’industrie gazière. Si le démarrage des activités commerciales de Yamal LNG a été couronné de succès, il faut rappeler que les actionnaires (le russe Novatek, le français Total et le chinois Silk Road Fund) ont dû faire face à moult défis tels que des conditions climatiques et environnementales extrêmes, mais aussi à un programme de sanctions économiques imposé par l’Occident dès 2014 et la vertigineuse chute des cours du pétrole à compter de mi-2014.
Le temps d’un hiver, l’Arctique russe, qui comprend les mers de Barents, Kara, Laptev, Sibérie orientale et les territoires du district de Tchoukotka, de la république de Sakha (ou Yakoutie), des régions Nenets, Yamalo-Nenets et Tchouktches, de la péninsule de Taymyr et des régions d’Arkhangelsk et Mourmansk, s’est à nouveau retrouvé au cœur de l’actualité. Espace vulnérable, générateur de peurs et de rêves, cette Méditerranée boréale est souvent présentée comme un nouvel eldorado où les richesses en matières premières seraient colossales. Si bien que, pour Moscou, l’Arctique se mue progressivement en un enjeu politico-économique où l’accès aux hydrocarbures devient la clé de voûte. Pourtant, la situation est loin d’être aussi idéale qu’elle ne le laisse entendre et les difficultés ne manquent pas. Le but de cette étude est de mettre en lumière tant les objectifs à atteindre que les défis à relever afin de développer de nouveaux gisements pétro-gaziers dans ladite région.
Réserves et cadre juridique : un aperçu
D’après l’US Geological Survey, la quantité d’hydrocarbures techniquement récupérables dans l’Arctique russe serait de l’ordre de 90 milliards de barils de pétrole et 47 000 milliards de mètres cubes de gaz, soit respectivement 14 % et 40 % des réserves pétro-gazières du pays eu égard à l’état des réserves actuelles (1). Les gisements potentiellement exploitables seraient majoritairement localisés sur le plateau continental dans la zone des 200 milles marins (soit 370 kilomètres) (2). Cela signifie que la Russie dispose des droits souverains sur l’exploitation des ressources du sous-sol des fonds marins. Au-delà de la limite souveraine de son plateau continental, un État côtier n’a pas de compétence souveraine et le développement de champs pétro-gaziers est assujetti au régime du plateau continental. En ce qui concerne les grands fonds, ceux-ci sont enregistrés au patrimoine mondial de l’humanité et ne peuvent faire l’objet d’une appropriation étatique.
Il reste 82 % de l'article à lire
Plan de l'article