Les systèmes automatisés – vulgairement, les robots – et l’intelligence artificielle en plein essor posent des questions complexes quant à l’éthique de leur conception et de leur emploi. Il faut donc développer une éthique opératoire accompagnant ce processus irréversible en s’inscrivant dans la réalité.
Quelle éthique opérationnelle pour les systèmes automatisés et l’intelligence artificielle ?
Operational Ethics for Automated Systems and Artificial Intelligence
The rapid growth of automated systems (robots, in simple language) and artificial intelligence poses complex questions regarding the ethics of their design and use. Along with this irreversible process an operational ethic needs to be developed that remains in firm contact with reality.
L’arrivée des technologies de l’intelligence artificielle (IA), de l’automatisation et de la robotisation génère des débats sociétaux majeurs tant dans le monde civil que dans le monde militaire. Parmi ces débats, l’éthique de l’intelligence artificielle, et sa capacité à faire le « juste choix » dans des situations complexes, est un sujet récurrent non résolu à ce jour qui constitue un frein à l’acceptation sociétale de la robotisation. Pour les armées respectueuses du droit, une conceptualisation et une formalisation de la problématique éthique s’avèrent indispensables pour accompagner la prise en compte de ces nouvelles technologies dans l’emploi des forces.
Des confusions terminologiques
L’une des difficultés majeures de l’appropriation sociétale de l’intelligence artificielle réside dans les choix terminologiques intrinsèquement porteurs de confusion. La notion d’autonomie par exemple, largement associée aux robots et à l’intelligence artificielle, signifie étymologiquement « gouverné par ses propres règles ». C’est le cas par exemple d’un gouvernement autonome qui élabore ses propres lois. Or, à ce jour, les robots technologiquement et opérationnellement envisageables ne sont pas autonomes mais hétéronomes, c’est-à-dire gouvernés par des règles extérieures, définies par l’homme. Il serait donc préférable de parler pour l’instant de systèmes hétéronomes, voire à l’extrême de systèmes semi-autonomes puisque la notion d’hétéronomie a peu de chance d’être adoptée dans le langage courant.
De même, le terme « intelligence artificielle » renvoie directement à une caractéristique spécifiquement humaine, l’intelligence, alors même qu’il ne s’agit que d’algorithmie et d’automatisme, certes, d’une puissance de plus en plus impressionnante.
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