Le Cameroun, majoritairement francophone, possède une minorité anglophone qui connaît aujourd’hui un mal-être, se considérant mal reconnue. Les solutions sont d’ordre politique et passent par un dialogue entre les parties prenantes en considérant que le multilinguisme est non pas un problème mais une opportunité.
L’Ambazonie : l’« État » catalyseur du mal-être de l’anglophone au Cameroun
Ambazonia: the State at the Root of the Malaise of the English Speaker in Cameroon
Cameroon is in the main French speaking, though has an English-speaking minority that suffers today from lack of recognition. Political solutions are needed along with a dialogue between the interested parties whose starting point should be that multilingualism is not a problem, but an opportunity.
Dans le golfe de Guinée, l’activisme des mouvements rebelles ou insurgés opposés à la volonté des États, témoigne de l’émergence d’une nouvelle société civile, et d’un système de gouvernance « stratifié », fonctionnant sans stricte hiérarchisation et basé sur l’autorégulation – chacun agissant sur son propre terrain. Des communautés développent, par exemple, une activité diplomatique parallèle à celle des gouvernements. Une telle démarche s’apparente à ce que Lalie Béranger qualifie de « paradiplomatie » au sujet du Québec lorsqu’elle analyse l’« activité internationale des États fédérés désireux de s’imposer comme interlocuteurs légitimes auprès des autorités politiques étrangères ».
Lorsque la paradiplomatie devient un instrument entre les mains de groupes opposés aux gouvernements, à l’instar du Cameroon Action Movement (CAM), les All Anglophone Conferences (AAC) ou le Southern Cameroon National Council (SCNC) au Cameroun, elle crée une surenchère qui jette les bases à la protodiplomatie (paradiplomatie sous le prisme identitaire) – c’est-à-dire une diplomatie qui vise à la reconnaissance par la communauté internationale de leur indépendance, et leur souveraineté politique.
Illustratif de la démarche, le problème dit anglophone est par exemple un serpent de mer dans le domaine politique. Si le malaise commence à s’exprimer par des actes dès les années 1980, il remonte aux premières heures de l’indépendance. La crise ouverte le 16 octobre 2016, par la mobilisation des avocats autour de la préservation du Common Law comme système juridique de facture anglo-saxonne, puis des enseignants au sujet de la protection des valeurs du sous-système éducatif anglophone et enfin des étudiants revendiquant l’amélioration de leurs conditions de travail, traduit non seulement le malaise ressenti par de nombreux ressortissants des régions anglophones à propos de la supposée « francisation » de vastes pans de l’héritage culturel de la minorité anglophone (soit 4,4 millions de personnes sur une population totale de 22 millions) pour assurer la prépondérance de la majorité francophone mais également la volonté de groupuscules de dénoncer la forme de l’État.
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