La zone du Donbass reste une aire de conflictualité entre Moscou et Kiev après trois ans d’une guerre larvée avec plus de 10 000 morts. Les solutions politiques semblent difficiles à mettre en œuvre, en considérant que le Donbass est désormais un poids mort et embarrassant pour les deux parties qui refusent tout réel compromis.
La guerre dans le Donbass trois ans après les Accords de Minsk 2
War in Donbass Three Years after the Minsk 2 Accords
The Donbass remains an area of discord between Moscow and Kiev after three years of ‘frozen conflict’ that has nevertheless left 10,000 dead. Arriving at a political solution will be far from simple, given that Donbass is now an embarrassing burden for both sides, each of which refuses any genuine compromise.
La guerre dans le Donbass dure maintenant depuis près de quatre ans, au prix de plus de 10 000 morts. Signés à l’arrachée par l’Ukraine, la Russie, la France et l’Allemagne, et au prix de nombreux compromis de la part de Kiev, les Accords de Minsk 2 du 12 février 2015 sont aujourd’hui dans l’impasse la plus complète. Impasse militaire d’abord sur la ligne de front, le cessez-le-feu n’ayant jamais tenu. Impasse politique ensuite, Kiev et Moscou étant retranchés dans des interprétations divergentes quant à l’application des accords. À mesure que la guerre pourrait se transformer en « conflit gelé » aux portes de l’Europe, le présent article propose un bref état des lieux de la situation politique et sécuritaire entre l’Ukraine et la Russie.
Une guerre d’attrition interétatique non déclarée
Le long de la ligne de contact entre les positions ukrainiennes et séparatistes, une atmosphère de « ni paix, ni guerre » règne depuis février 2015.
Militairement parlant, la guerre dans le Donbass est avant tout une guerre d’attrition de basse intensité à mesure que le conflit s’enfonce inexorablement dans une phase de conservation et de maintien en l’état. La fermeture de la saillie de Debalsteve, juste après la signature des Accords de Minsk 2 en février 2015, a marqué la dernière opération militaire d’envergure menée par les forces séparatistes et a provoqué la fixation de la ligne de front sur les positions actuelles. Depuis, et principalement en 2016, on a pu observer la conduite de multiples opérations offensives de « grignotage » de la ligne de front, aussi bien du côté ukrainien que du côté séparatiste, visant à récupérer quelques centimètres carrés de terrain le long des positions les plus stratégiques. Cette phase tactique du conflit a été stoppée net par la « bataille d’Avdiivka » (28 janvier-5 février 2017), au cours de laquelle les forces séparatistes ont tenté, en vain, de prendre le contrôle de la localité d’Avdiivka – dont l’usine de charbon et le nœud ferroviaire dans la région de Donetsk en font un point d’appui logistique important.
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