Après un semestre de négociations, le nouveau gouvernement allemand vient d’être mis en place sous la direction d’Angela Merkel. La reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête du ministère de la Défense et l’accord établi pour la coalition ne devraient pas infléchir sa politique de défense du territoire.
Quelle politique de sécurité et de défense pour le gouvernement Merkel IV ?
Security and Defence Policy in the Fourth Merkel Government
After three months of negotiations, the new German government has been set up under Angela Merkel. Ursula von der Leyen continues as Minister of Defence and the coalition agreement should have no effect on her policy for homeland defence.
Après de longs mois de négociations de coalition, l’Allemagne se retrouve finalement avec la même constellation gouvernementale qu’avant les élections législatives de septembre 2017 : sous la direction d’Angela Merkel, élue chancelière par le Bundestag pour la quatrième fois le 14 mars 2018, le pays sera de nouveau gouverné par une grande coalition formée par la CDU, la CSU bavaroise et le SPD sur la base d’un accord de 177 pages conclu entre ces trois partis (1). Par conséquent, il ne faut pas s’attendre à d’importantes évolutions de la politique de sécurité et de défense de Berlin. La continuité sera de mise.
Ursula von der Leyen reste ministre de la Défense
Cela est tout d’abord valable, du moins dans une certaine mesure, sur le plan personnel. Comme dans l’ancienne grande coalition, les affaires étrangères reviennent au SPD. Le nouveau ministre était toutefois quelque peu inattendu à ce poste : le Sarrois (et juriste) Heiko Maas, précédemment ministre de la Justice, succède à Sigmar Gabriel. Ce choix de personne s’explique davantage par des dynamiques internes au parti social-démocrate que par l’expérience internationale du nouveau diplomate en chef, peut-être surtout connu (et largement apprécié) pour son opposition marquée à l’extrême-droite. Mais Heiko Maas n’aura pas beaucoup de répit au vu du grand nombre de dossiers compliqués à gérer : pour ne citer que quelques-uns, la relation transatlantique, la Russie et la guerre en Ukraine, Nordstream 2 (sujet visiblement très controversé entre les partenaires de la coalition au point de ne pas figurer dans l’accord), et peut-être avant tout la Turquie – d’autant plus que Maas s’est exprimé de façon très critique envers le régime du président Erdogan par le passé.
Le ministère de la Défense reste quant à lui entre les mains d’Ursula von der Leyen du CDU, ce qui ne fait pas que des heureux. Nombreux sont en effet les militaires qui lui reprochent d’avoir accusé l’ensemble de la Bundeswehr d’un « problème d’attitude » lors d’un scandale en 2017. Il s’était alors avéré qu’un lieutenant allemand, adhérent d’une idéologie d’extrême-droite, était soupçonné de préparer un attentat (2). Ce sujet est bien sûr d’autant plus sensible en Allemagne, où la Bundeswehr se retrouve continuellement face à la lourde tâche de jongler avec un certain besoin de traditions militaires de ses soldats et la prise de distance sans équivoque par rapport à la Wehrmacht. Sur un plan plus politique, certains reprochent également à Ursula von der Leyen, toujours considérée comme une potentielle chancelière dans la succession d’Angela Merkel, de ne pas se consacrer aux véritables problèmes de la Bundeswehr. La chose militaire n’étant pas très populaire parmi les Allemands, les questions de défense deviennent en effet vite délicates – comme la campagne électorale l’a d’ailleurs bien démontrée sur la question du budget de la défense. Les critiques l’accusent de privilégier son image au détriment des besoins de la Bundeswehr.
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