La NPR 2018 traduit non pas un changement radical de doctrine mais une évolution avec des programmes de modernisation des armes nucléaires américaines. Il faut ici distinguer entre les tweets à des fins médiatiques et le langage de la dissuasion pleinement assumée dans cette nouvelle NPR.
La nouvelle Nuclear Posture Review : évolution ou révolution ?
The New Nuclear Posture Review: Evolution or Revolution?
The 2018 Nuclear Posture Review (NPR) shows no radical change in doctrine but a degree of development with modernisation programmes for US nuclear weapons. There is a distinct difference between tweets for media consumption and the serious language of deterrence used in this new NPR.
La publication le 2 février dernier de la nouvelle Nuclear Posture Review (NPR) américaine dans sa version non classifiée (75 pages) était attendue et prévisible (1). Elle fut demandée par le président Trump le 27 janvier 2017 en vue d’assurer la sûreté, la sécurité et la dissuasion pour protéger le territoire national et de ses alliés face à différents adversaires (2). Elle était censée montrer de nouvelles orientations par rapport à la politique de l’Administration Obama dont le contenu et les discours oscillaient entre l’élimination à termes de toutes les armes nucléaires, la défense antimissile et la modernisation de la triade sur fond de lutte contre la prolifération.
Depuis 1994, chaque Administration a mené sa propre NPR, mais le processus et la portée des examens étaient différents dans les trois cas (Bush, Obama, Trump). La posture américaine actuelle joue davantage sur une vision qualifiée de « réaliste » avec la mise en évidence de menaces potentielles émanant notamment de la Russie (3), de la Chine ou de la Corée du Nord suite à ses différentes provocations. La perception de menace nucléaire y est considérée comme « plus avancée que jamais » dans un environnement davantage complexe à décoder. La notion de retour de la compétition entre puissances est mise en avant tout comme de nouvelles tentatives à penser les outils de la dissuasion quand bien même les fondamentaux demeurent (cf. infra).
À cet effet, la posture nucléaire en termes de moyens doit évoluer. La recherche d’une meilleure flexibilité est de mise dans un environnement plus instable. Il est ainsi question de développer de nouveaux types d’armes nucléaires à la puissance limitée (« low-yield option »), notamment des armes nucléaires tactiques à forte capacité de pénétration et qui peuvent aussi, dans le champ régional, assurer la dissuasion. Le document cite un missile balistique nucléaire mer-sol assurant « une option de rétorsion rapide capable de pénétrer les défenses de l’ennemi » mais aussi un futur missile de croisière nucléaire mer-sol SLCM (capacité nucléaire à restaurer suite à la dénucléarisation passée des SLCM Tomahawk TLAM-N retirés entre 2010 et 2013).
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article