Editorial
Éditorial
À l’heure où la communauté internationale s’interroge sur la réalité du réchauffement diplomatique entre la Corée du Nord de Kim Jong-un et les États-Unis de Donald Trump, la RDN publie pour la cinquième année consécutive les travaux de la Chaire Grands Enjeux stratégiques de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne consacrée cette fois-ci à la Chine et à l’affirmation de sa puissance économique, militaire et donc géopolitique.
Pékin se veut désormais au cœur du Monde et affirme son influence par tous les moyens, tant dans son environnement immédiat qu’au-delà, avec une ambivalence sur les méthodes et les finalités. Les projets de nouvelles routes de la soie sont ainsi porteurs d’ambiguïté car ils répondent d’abord aux intérêts chinois, malgré des déclarations prometteuses de partenariat équilibré. Indéniablement, la Chine veut désormais assumer un statut impérial et remettre en cause les principes de gouvernance issus de la fin de la guerre froide, y compris en proposant un modèle de développement économique certes capitaliste mais a-démocratique. Cette stratégie ambitieuse, clairement assumée par Xi Jinping lors du dernier Congrès du Parti communiste chinois doit donc être analysée dans toutes ces dimensions, et c’est la richesse des approches proposées dans le dossier de ce mois qu’il faut souligner. Il est en effet indispensable de pouvoir mieux comprendre les enjeux actuels et à venir autour de la Chine, pour demain travailler de concert ou en concurrence, notamment quand les intérêts réels divergent de ceux affichés avec sourire. La lucidité est aujourd’hui plus que nécessaire pour que le rapprochement économique et politique ne se fasse pas au détriment de notre indépendance et de notre souveraineté étendue jusque dans sa dimension européenne. D’autant plus que Pékin sait jouer habilement des oppositions de point de vue entre les différentes capitales et utilise sciemment la politique du carnet de chèque pour accroître sa sphère d’influence.
À travers ce dossier, on perçoit ainsi pleinement la remise en cause des équilibres géopolitiques avec le retour des États-Nations, l’impuissance des grandes organisations internationales et la prédominance du rapport de force comme mode de régulation dans les affaires du Monde.
C’est au moment où j’écris ces lignes que disparaissait Pierre Hassner. Son apport à l’analyse des relations internationales a été essentiel, d’autant plus que son parcours lui a donné la légitimité pour refuser les totalitarismes. Le concept de « démocrature » qu’il a développé ces dernières années reflète bien cette remise en cause sous-jacente des acquis chèrement payés pour accéder à la démocratie. Les leçons de l’Histoire semblent en effet très rapidement balayées pour satisfaire tant les ego de certains dirigeants, que pour refuser le débat politique démocratique au profit d’un populisme exacerbé. ♦
Il faut également rendre hommage à Serge Dassault, décédé le 28 mai à l’âge de 93 ans et rappeler la ténacité avec laquelle il a su développer le groupe aéronautique créé par son père, Marcel, mais aussi défendre le programme de l’avion de combat Rafale. Ce n’est pas un hasard si nos alliés – concurrents sur le plan industriel – n’ont eu de cesse de critiquer l’avion car celui-ci constitue un fleuron technologique et opérationnel majeur pour notre pays. Le Rafale et tout son environnement contribuent largement non seulement à notre défense mais aussi à préserver notre souveraineté, notre indépendance et donc notre liberté.