Le projet des routes de la soie s’inscrit dans une stratégie chinoise globale clairement assurée de retour à la puissance. D’où les ambiguïtés sur les finalités et les modalités d’un tel programme visant à consolider d’abord et quasi exclusivement les intérêts de Pékin.
Les « routes de la soie » : décryptage d’une stratégie chinoise globale de retour à la puissance
The Silk Routes: Analysing the Chinese Strategy for Return to Power
The Silk Route initiative is part of a very clear overall Chinese strategy towards a return to power. From this stems much ambiguity over the ends and means of a programme aimed almost exclusively at consolidating Beijing’s interests.
Que veut la Chine ? Quelles sont les motivations de sa stratégie régionale et globale ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité alors que toutes les limites imposées au nombre de mandats présidentiels ont été levées au mois de mars 2018 en faveur du président Xi Jinping, désormais aux pouvoirs en apparence sans limites. Le discours se veut offensif, c’est celui du retour à la puissance, qui symbolise le succès du régime en place depuis 1949. Mais la stratégie extérieure de la Chine, particulièrement dans son environnement proche, demeure équivoque : entre démonstration de force et volonté de rassurer, brouillant l’image et l’attractivité du pouvoir chinois. Le projet multiforme des « routes de la soie » et le discours qui le sous-tend constituent l’un des moyens de cette politique de puissance. Il en exprime aussi toutes les ambiguïtés.
À peine arrivé au pouvoir en 2012, Xi Jinping a prononcé un important discours devant une unité de l’APL dans le Sud de la Chine, demandant aux forces chinoises d’être « prêtes au combat ». Le thème de la réforme des armées et de la préparation au combat deviendra récurrent dans les discours de Xi Jinping, appliqué notamment à la marine et à la nouvelle force des lanceurs, créée en 2016 pour remplacer la seconde artillerie, au cœur de ce qui fait la puissance chinoise. L’autre grand thème de sa première mandature a été celui du « rêve de grande renaissance de la nation chinoise ». Ici, c’est le concept ancien de Tianxia, qui désigne l’ensemble du monde « sous le ciel » qui est mobilisé, dans une volonté de retour en Asie à un ordre « harmonieux » et sino centré, fondé sur une hiérarchie d’États vassaux, acceptant de remettre un tribut à l’Empereur de Chine (1).
Un lien direct existe entre ces deux éléments : les forces armées, mieux équipées, mieux formées, plus professionnelles doivent contribuer à l’accomplissement de ce « rêve chinois », y compris dans ses dimensions irrédentistes.
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