Avec une Administration Trump plutôt brouillonne et imprévisible, la Corée du Nord poursuit sur sa voie visant à être admise comme puissance nucléaire. Les récents rapprochements sont une source d’optimisme mais pourraient être remis en cause si le régime de Kim est déstabilisé.
Perceptions et réponses stratégiques de l’Asie : le cas de la Corée du Nord
Asian Perceptions and Strategic Responses: the North Korean Case
Against a background of a somewhat muddled and unpredictable Trump administration, North Korea is continuing its policy aimed at becoming accepted as a nuclear power. Recent rapprochements bring optimism but could be called into question, should the Kim regime be destabilised.
Le début des réformes économiques par Deng Xiaoping en 1978 et la montée en puissance de la Chine, jusqu’à devenir la deuxième économie mondiale, sont au nombre des développements les plus significatifs de l’après-guerre et ont défini la scène géoéconomique de la fin du XXe siècle. En 2018, la Chine ne s’est pas seulement développée économiquement : l’Armée populaire de libération (APL) est devenue la force militaire la plus puissante de l’Asie-Pacifique. Si les réformes militaires actuelles se déroulent comme prévu sous la présidence de Xi Jinping, le dirigeant chinois le plus puissant depuis Mao Zedong, l’APL ne contestera pas seulement la suprématie des États-Unis dans la région depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais elle finira par égaler, et peut-être même les remplacer, en tant que puissance hégémonique.
Cela ne s’est pas encore produit, mais la suprématie stratégique incontestée de l’Amérique depuis la fin de la guerre froide en 1990 jusqu’aux années 2000, à la suite de l’effondrement de l’ex-Union soviétique, est terminée. Le moment dit « unipolaire » ou la période allant de la domination mondiale unilatérale de l’Amérique à un monde plus multipolaire [est terminé]. Charles Krauthammer écrivait en juillet 1990 : « Cette reddition [la chute de l’URSS et l’unification allemande] marque un phénomène historique unique, que l’on pourrait appeler le moment de l’unipolarité. Le monde bipolaire dans lequel le pouvoir réel n’émanait que de Moscou et de Washington est mort. Le monde multipolaire vers lequel nous nous dirigeons, dans lequel le pouvoir émanera de Berlin et de Tokyo, de Pékin et de Bruxelles, ainsi que de Washington et de Moscou, peine à naître. La transition entre ces deux mondes est maintenant, et elle ne durera pas longtemps. Mais l’instant dans lequel nous vivons est un moment d’unipolarité, où le pouvoir mondial réside dans une entité raisonnablement cohérente et sereinement dominante : l’alliance occidentale, non contestée et non encore fracturée (même si elle le sera bientôt) par la victoire. » (1)
Près de trente ans après l’effondrement de l’ancienne Union soviétique, un monde véritablement multipolaire n’est pas encore apparu, mais l’ordre international libéral qui a été façonné et dirigé par les États-Unis et ses partenaires occidentaux (y compris les principaux alliés en Asie-Pacifique) est sans aucun doute plus faible et fracturé que jamais auparavant. Certains chercheurs ont fait allusion à la montée d’un soi-disant « ordre “estphalien” » en tant que manifestation distincte de « l’ordre westphalien » qui domine le système international depuis trois cents ans. « L’idée d’Estphalie suggère que, désormais, les pays asiatiques ont leur mot à dire dans les affaires du monde, et que leurs discours ne sont pas dictés par les idées et les intérêts occidentaux, ni subordonnés à ceux-ci. (…) La montée en puissance et en importance de la Chine, de l’Inde et de l’Asie en tant que région, attire l’attention sur la façon dont les pays asiatiques utiliseront leur pouvoir pour influencer les affaires mondiales. » (2) Mais en dépit des problèmes que connaît l’ordre international libéral actuel et la montée en puissance de l’Asie, cela n’est pas synonyme de la naissance d’un ordre mondial « asiato-centré ».
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article