La stratégie chinoise mise en œuvre avec l’initiative de la route de la soie constitue certes une opportunité économique intéressante mais aussi un défi géopolitique en permettant à Pékin d’étendre son influence. La France doit rester vigilante et préserver ses intérêts dans cette région.
Belt and Road Initiative ou les habits neufs de la stratégie chinoise
Belt and Road Initiative, the New Look of Chinese Strategy
The Chinese strategy that has been set into action with the Belt and Road Initiative certainly offers an interesting economic opportunity, but is also a geopolitical challenge that allows Beijing to extend its influence. France needs to stay vigilant and to guard its interests in the region.
Rendue publique en 2013 par le président chinois Xi Jinping, l’initiative de « la ceinture et de la route » (Belt and Road Initiative – BRI, précédemment « One Belt, One Road ») constitue un des projets infrastructurels les plus ambitieux de notre époque par sa portée globale et son ampleur économique et humaine potentielle. Officiellement, le but de la BRI est de réinventer la connectivité des flux économiques entre la Chine et l’Europe par la recomposition de voies terrestres et maritimes. Cette initiative ne semble pourtant limitée ni par la géographie, ni par la gravité, son champ d’application ayant récemment été étendu à l’Arctique, au cyberespace et au spatial (1).
Il est difficile de cerner précisément quelles sont les raisons qui ont présidé à la mise en œuvre d’une telle ambition : il s’agit d’une combinaison de mesures économiques (évacuer une surcapacité industrielle, inciter les entreprises chinoises à s’exporter, développer une nouvelle influence financière par l’octroi de prêts conditionnés) et de choix politiques (miser sur l’international pour traiter les problèmes économiques intérieurs, volonté d’asseoir la Chine au rang de puissance globale) qui ont mûri au gré des évolutions internationales et des luttes d’influence au sein du Parti communiste chinois (PCC) (2). Au-delà de ces deux versants, il existe aussi un substrat stratégique qui, sans être méconnu, demeure occulté par les effets d’annonce autour des opportunités financières, de la connectivité marchande et du développement des axes commerciaux. La dimension sécuritaire et militaire constitue pourtant l’épine dorsale de cette ambition globale. C’est là toute la particularité de la BRI : si elle n’est pas réductible à sa portée stratégique, elle est inconcevable sans.
Réduire les vulnérabilités d’une Chine globalisée
La finalité stratégique de la BRI est d’octroyer à la Chine une supervision et une capacité d’action sur l’ensemble de ses voies d’approvisionnement et à tous les niveaux. Cette volonté découle d’un constat, effectué au cours des années 1990, relevant que l’économie chinoise devenait de plus en plus dépendante de ses importations (dans les domaines énergétique et alimentaire notamment) et que cette dynamique allait s’aggraver au fil du temps, particulièrement pour les flux provenant d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient.
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