La mise en œuvre d’OBOR (One Belt, One Road) peut buter sur de nombreuses difficultés dont les rivalités géopolitiques en Asie centrale. La question est également de savoir si l’Europe est favorable à un tel projet qui répond d’abord aux intérêts chinois.
« Une ceinture, une route » ou le versant chinois de la mondialisation (2/2)
Belt and Road—the Chinese view of Globalisation(2/2)
Setting BRI (Belt and Road Initiative) into motion is encountering a number of difficulties, among which are the geopolitical rivalries of Central Asia. A further question is whether Europe is in favour of this project, which suits Chinese interests above all others.
L’étude sur la carte de ces grands courants commerciaux mondiaux tels qu’ils sont établis en 2015 montre l’importance primordiale des trois façades maritimes qui concentrent l’essentiel du trafic mondial, les côtes chinoise et américaine de l’océan Pacifique, la côte européenne de l’océan Atlantique et de la mer du Nord. Cette concentration sur trois voies maritimes de 90 % du commerce mondial peut être considérée par le leader du marché qu’est devenue la Chine : primo comme une vulnérabilité stratégique (les détroits de Malacca et d’Ormuz en particulier) ; secundo comme une simplification abusive du monde qui ignore des zones continentales importantes ainsi que de nombreuses populations défavorisées ; tertio comme une insupportable mainmise de quelques grandes puissances occidentales sur les artères vitales du monde.
Le projet OBOR, tel qu’il a été officiellement présenté en mai 2017 à Pékin au cours d’une grand-messe à laquelle assistaient plus de soixante pays officiants présente à première vue toutes les caractéristiques pour corriger et contrer ces trois défauts majeurs du système qui investit le monde actuel, vu de Chine. Mais, au-delà, il procède surtout de la philosophie du Tianxia (1), et sur laquelle il faut revenir brièvement tant elle semble l’inspiratrice principale de ce projet. Invention de la dynastie antique des Zhou, le Tianxia se présente comme une représentation d’un monde unique – tout sous le même ciel – d’où découle le principe universel qui doit dicter son organisation politique à une humanité cohérente et harmonieuse par destination. Hors de ce système unifié, il ne peut y avoir que désordre et chaos dus aux logiques de division provoquées par la multitude et la dispersion des États, des nations, des peuples, mus par leurs seuls intérêts corporatistes ou individuels. La vision chinoise propose un concept d’inclusion du monde – et de l’humanité – dans un système unifié, celui de « Tianxia des dix mille contrées ». Il s’oppose en tout point au système mondial impérialiste, dont nous avons suivi les péripéties au cours des derniers siècles, qui est fondé exclusivement sur les intérêts de quelques-uns, les États-puissances. Le nouveau jeu international ouvert par la mondialisation et par l’accession de la Chine aux responsabilités mondiales incite celle-ci, pour espérer ne pas se laisser absorber par le système mondial en vigueur, à revisiter son histoire et à proposer ce « rêve d’harmonie » à une humanité effectivement disparate et divisée. Mais en attendant que le rêve devienne réalité, il lui faut faire face aux exigences du moment et, en particulier, aux défauts qui lui paraissent majeurs dans l’organisation présente.
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