René Fonck a été l’As des as de la Grande Guerre. D’un tempérament réservé et ayant soutenu le Maréchal Pétain à Vichy, il n’a pas bénéficié de la notoriété qu’ont connue d’autres héros de la Der des Ders. Pourtant l’ostracisation dont il a été victime mériterait d’être révisée.
René Fonck, de la gloire à l’ostracisation
René Fonck, from Glory to Ostracism
René Fonck was the ace of aces in the Great War. Perhaps because of his reserved nature and his support for Marshal Pétain in Vichy he is not as well known as other heroes of the war to end all wars. It is worth having another look at this victim of ostracism.
Héros plus discret que d’autres, « As » de la Grande Guerre, René Fonck (1894-1953) n’en demeure pas moins l’aviateur français le plus capé du premier conflit mondial. Il est légitime de se demander pourquoi, de nos jours, l’Armée de l’air ne met-elle pas davantage en avant la gloire du personnage ? La place réduite qu’occupe René Fonck dans la mémoire de l’Arme est incontestablement due au rôle que ce dernier joue, pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la proximité du maréchal Philippe Pétain. L’historien, qui n’est pas là pour alimenter les simplifications mémorielles mais pour expliquer des comportements et rendre intelligible une période passée, se doit de contextualiser les comportements de René Fonck, afin de lui rendre la place qu’il mérite dans l’institution de l’aviation militaire.
René Fonck, technicien de la guerre aérienne
Orphelin de père à l’âge de cinq ans, le jeune René Fonck s’adonne précocement à la pratique du tir à la carabine. Fonck, qui a été souvent présenté comme un élève des Arts et Métiers, a été plus vraisemblablement tisserand puis apprenti mécanicien chez Gantois à Saint-Dié des Vosges. À la veille de la guerre, il est ajusteur mécanicien (1). Le 22 août 1914, à Dijon, il est affecté au 1er Groupe d’aviation (2) mais ce n’est que le 15 février 1915 qu’il est désigné pour suivre les cours théoriques d’aviation à Saint-Cyr puis à Lyon. Il reçoit son brevet de pilote militaire n° 1010, le 31 mai 1915. Il est alors affecté à l’escadrille du 2e Corps colonial à Corcieux, dans les Vosges, équipée en avions Caudron de reconnaissance. Le 20 juin 1916, René Fonck est promu adjudant, toujours dans l’aviation d’observation. Il obtient sa première victoire aérienne homologuée, le 6 août, en contraignant l’équipage d’un appareil Rumpler à atterrir dans les lignes françaises. Son renom grandissant, il est transféré dans la chasse, la N 103, placée sous le commandement du capitaine d’Harcourt. Le 25 avril 1917, il intègre le Groupe de combat n° 12, où il retrouve Georges Guynemer, René Dorme et Alfred Heurtaux. En moins d’un mois, il accède aux cinq victoires homologuées, dont la presse a fait le signe d’entrée dans le club très fermé des « As ». Le 17 octobre 1917, il réalise, dans la même journée son premier doublé homologué, avec deux avions d’observation, au-dessus de Langemarck. Le 2 décembre 1917 Fonck est alors promu sous-lieutenant du Génie, puisque c’est son arme d’origine. Il est déjà titulaire de la Légion d’honneur, de la médaille militaire et de la Croix de Guerre, avec 11 citations. La longue série de ses exploits se poursuit. Le 9 mai 1918, il n’abat pas moins de 7 avions dans la journée. À la fin de la guerre, René Fonck est officiellement crédité de 75 victoires aériennes. Ce parcours est bien connu.
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