La confrontation entre la Chine et le Viêt Nam est une réalité mais il est peu probable que cela dégénère en conflit armé, tant le rapport de force reste défavorable à Hanoï. Le régime vietnamien souhaite bénéficier de la croissance économique de son grand voisin tout en s’efforçant de préserver sa souveraineté en favorisant le dialogue.
Vietnam–Chine, la guerre n’aura pas lieu
War Between Viet Nam and China? Unlikely.
Although confrontation between China and Viet Nam exists, there is little probability that it will degenerate into armed conflict as long as Hanoi commands the weaker force. The Viet Nam regime is seeking to benefit from the economic growth of its big neighbour whilst trying to preserve its sovereignty through dialogue.
« Que faites-vous les Occidentaux, nous n’allons plus pouvoir tenir longtemps contre l’influence chinoise. Nous allons devoir les rejoindre ». Ce propos d’un diplomate vietnamien en décembre 2017 reflète l’attitude d’une partie des élites dirigeantes dans les pays d’Asie du Sud-Est face au regain d’activisme de la diplomatie chinoise dans la région. Depuis 1991, la République socialiste du Viêt Nam [Vietnam] (RSVN) a choisi la voie de la normalisation dans sa relation avec la Chine. Les dirigeants vietnamiens souhaitent en premier lieu empêcher une guerre avec Pékin. La RSVN estime qu’un conflit armé en mer de Chine méridionale doit être à tout prix évité. Les Vietnamiens se demandent d’abord comment bénéficier de la croissance économique chinoise sans que cela nuise à leur souveraineté. De son côté, la Chine joue la montre dans l’espoir de voir le Viêt Nam se doter d’un leadership politique plus proche de ses intérêts.
Un partenariat stratégique global repensé
Au Viêt Nam, il existe trois catégories de partenariats : les partenariats intégraux (dôi tác toàn diên), les partenariats stratégiques (dôi tác chiên luoc) et, échelon le plus élevé, les partenariats stratégiques globaux (dôi tác chiên luoc toàn diên). La RSVN a signé des partenariats stratégiques globaux avec trois États seulement : la Chine en 2008, puis la Russie (2012) et l’Inde (2016). Si l’on observe le texte signé entre Pékin et Hanoï le 1er juin 2008 (dont le dixième anniversaire n’a pas manqué d’être célébré en 2018 par l’annonce de nouvelles avancées), les deux parties s’entendent prioritairement pour renforcer leurs coopérations dans le domaine des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité nationale et régionale. Le partenariat comprend la tenue d’un dialogue bilatéral de défense annuel et la mise en place de coopérations sectorielles.
En 2010, la présentation du Livre blanc de la défense de la RSVN a toutefois modéré le volontarisme de ce texte. Pour la première fois depuis la normalisation de ses relations avec Pékin, la RSVN notait explicitement dans un document public la présence « d’un voisin encombrant ». La Chine exigera que « compte tenu des changements intervenus dans l’environnement politique et économique entre les deux pays, le Viêt Nam revoie rapidement la formule » (1). La publication du nouveau Livre blanc de la RSVN devait initialement être programmée pour le 12e congrès du PCV (2016). Il n’en fut rien et, depuis cette date, sa sortie a sans cesse été repoussée. Au stade actuel, l’équipe dirigeante menée par l’influent Secrétaire général du PCVN Nguyên Phú Trong prévoit d’effacer ce passage, mais il convient d’éviter de donner l’impression à la population d’un trop grand rapprochement avec Pékin acté conjointement par une réévaluation des relations sécuritaires bilatérales (2).
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