Les États insulaires des océans Indien et Pacifique font l’objet de convoitises. Cette raison les pousse à travailler ensemble et à valoriser des institutions régionales qui permettent de mieux répondre aux nombreux défis qui se posent, en particulier autour des coopérations bleues et en valorisant une approche non sécuritaire.
Les États insulaires des océans Indien et Pacifique au cœur des rivalités stratégiques
Indian and Pacific Ocean Island States at the Heart of Strategic Rivalry
Island states in the Indian and Pacific Oceans are objects of envy. For this very reason they are working together to strengthen regional institutions that allow them to respond better to the many challenges posed. Maritime cooperation is favoured, along with a non-security-based approach.
Les notions de théâtre stratégique indo-pacifique et de Routes maritimes de la Soie du XXIe siècle mettent en évidence l’unité des enjeux de sécurité des océans Indien et Pacifique. Si l’indivisibilité maritime est de nature hydrographique, la singularité stratégique s’impose aujourd’hui comme une évidence pour les États insulaires. Les îliens sont désormais au cœur des enjeux des recompositions géopolitiques en cours. En réaction, les nations insulaires ont su faire bloc (Forum des îles du Pacifique – PIF, Forum de développement des îles du Pacifique – PIDF), s’associer sous-régionalement (Commission de l’océan Indien – IOC, Groupe du fer de lance mélanésien – MSG, Groupe des leaders polynésiens – PLG, Sommet des Présidents micronésiens, Association des riverains de l’océan Indien – IORA). Elles ont rejoint des communautés transcontinentales (Alliance des petits États insulaires – AOSIS, groupe des petits États insulaires en développement – SIDS) et se sont arrimées aux organisations transnationales les plus larges (1).
S’allier est un impératif car les insulaires sont à la confluence des sphères d’influence. Depuis le XVe siècle, puissances dominantes et d’avenir ont fait de leurs emprises sur les océans Indien et Pacifique un des indicateurs de leur rang et de leurs ambitions. Les pays du continent bleu sont petits par leurs ressources démographiques, leurs économies mais grands par leurs superficies maritimes et les ressources qu’elles recèlent. Les États sont conscients de cette dichotomie. Ils savent en jouer mais les défis sont gigantesques, à l’image de la gestion des zones économiques exclusives (ZEE) Indo-Pacifique qui représentent plus de 40 % de l’ensemble mondial. Un potentiel qui nourrit bien des convoitises étatiques ou privées ! Les États insulaires sont aujourd’hui au cœur de nouveaux récits géopolitiques, de réseaux diplomatiques densifiés et de coopérations bleues renforcées. Les États insulaires sont courtisés comme jamais, alors que, dotés d’armées et de polices aux moyens limités, ils restent à bien des égards vulnérables.
Les îliens au cœur des nouveaux récits géopolitiques
En proclamant l’idée d’une réunification océanique et en valorisant ses connectivités, il apparaît que la planète s’articule à nouveau autour de deux points focaux : un espace Indo-Pacifique rassemblé et une entité atlantico-euro-méditerranéenne. Cette construction valorise un bipode sino-américain qui ne dit pas son nom et déprécie tout autre acteur aux ambitions globales. Elle peut aussi laisser penser que l’on attend des petits États qu’ils s’affilient sans barguigner aux sphères d’influence des plus grands. Parallèlement, alors que l’on croyait le centre de gravité du monde se mouvoir d’Ouest en Est, l’Asie se tourne vers l’Ouest et le Sud. Pour montrer qu’ils s’adaptent à cette évolution et rehausser leur stature, les États proclament de nouvelles ambitions géopolitiques.
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