L’Australie considère désormais que la stabilité du Pacifique est essentielle pour sa sécurité. Cela passe par un dialogue amélioré avec les pays de la région et un partage d’informations. La mise en place d’une coopération régionale serait une réponse concrète pour faire face aux défis sécuritaires.
L’Australie et le Pacifique : renforcer la sécurité par la coopération régionale
Australia and the Pacific: Strengthening Security through Regional Cooperation
Australia believes that stability in the Pacific is essential to its security. Maintaining such stability requires better dialogue with countries in the region and sharing of information. Establishment of regional cooperation would be a positive move in facing up to security challenges.
Dans la vision traditionnelle, européo-centrée du monde, la région Pacifique était considérée comme périphérique, voire marginale. Pourtant, le Pacifique gagne aujourd’hui en importance alors qu’un nombre croissant d’acteurs extérieurs interviennent dans les affaires régionales. L’Australie a reconnu cette transformation des dynamiques régionales et s’est engagée, à la fois dans son Livre blanc sur la défense de 2016 et dans celui sur la politique étrangère de 2017, à renforcer ses relations avec les îles du Pacifique. Cet article examine la manière dont l’Australie structure ses intérêts nationaux dans la région ainsi que les différentes ressources qu’elle est prête à engager, non seulement pour les protéger mais aussi pour minimiser les risques qui pourraient affecter cette stratégie.
L’Australie et la région du Pacifique
La région du Pacifique s’étend sur 48 millions de km² d’océan, dont seulement 300 000 km² de terre. Sa population totale est d’un peu plus de 10 millions d’habitants et son produit intérieur brut (PIB) correspond à environ 32 milliards de dollars. Bien que la région représente environ 13 % de la surface océanique mondiale, elle ne correspond qu’à 0,2 % des terres émergées sur la surface du globe et seulement 0,12 % de la population mondiale. Pourtant, toutes ensemble, les îles du Pacifique représentent environ 7 % des votes à l’Assemblée générale des Nations unies et les zones économiques exclusives (ZEE) de ces pays sont très étendues (1). En conséquence, que ce soit pour des raisons géopolitiques ou pour avoir un accès aux importantes ressources naturelles dans ces vastes ZEE (pêche thonière), les puissances extérieures se montrent de plus en plus intéressées d’étendre leur influence dans la région.
Durant de nombreuses années, l’engagement de l’Australie avec ses voisins du Pacifique a souffert d’un manque de cohérence stratégique. L’Australie a longtemps été la puissance régionale dominante en Mélanésie et a su s’imposer dans l’ensemble de la région Pacifique. Toutefois, cet investissement régional s’est historiquement caractérisé par de longues périodes d’apathie, ponctuées de brefs épisodes de regain d’importance, dès lors qu’une crise apparente menaçait les intérêts australiens. Cela s’explique largement par des raisons historiques : pendant une grande partie du XXe siècle, les politiques d’immigration de l’Australie ont formé une identité culturelle européenne plutôt qu’asiatique. Par conséquent, le pays a eu tendance à s’intéresser à des problématiques affectant les biens communs mondiaux, se tournant vers le Pacifique uniquement quand un événement pouvait mettre en danger sa sécurité nationale ou la stabilité régionale. Il est pourtant communément admis que l’Australie a une responsabilité singulière envers le Pacifique (2).
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