Partnership within Hierarchy. The Evoloving East Asian Triangle
Partnership within Hierarchy. The Evoloving East Asian Triangle
Sung Chull Kim est professeur à l’Institut pour les études sur la paix et la réunification à la Seoul National University. Il s’attache dans ce livre à théoriser et à illustrer la relation entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud. Son argumentation se fonde sur le caractère unique qu’elle revêtirait, en étant à la fois triangulaire et hiérarchique. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette asymétrie relationnelle existe pour les États-Unis avec ses deux alliés, plaçant le Japon en position de puissance médiane.
Mais elle est aussi prégnante entre le Japon et la Corée du Sud. La hiérarchie entre ces deux pays trouve sa source au moment de la création de la relation triangulaire, en 1965, suite à la normalisation des relations entre Tokyo et Séoul. Elle s’explique par l’inégalité de leur puissance et de leurs capacités d’alors. La montée en puissance économique de Séoul (qui devient, par exemple, membre de l’OCDE en 1996) et les évolutions géopolitiques post-guerre froide ont bien entendu fait évoluer les choses mais, selon l’auteur, cette hiérarchie demeure. De plus la coopération entre Séoul et Tokyo est compliquée par des contentieux historiques et territoriaux, et des visions divergentes de la sécurité. Ainsi, deux côtés du triangle (ceux qui partent des États-Unis) sont des alliances, le troisième est un partenariat. Après un premier chapitre apportant les éléments théoriques nécessaires, Sung Chull Kim cherche à illustrer sa théorie par six études de cas : le rapatriement de résidents coréens du Japon vers la Corée du Nord en 1959, les négociations pour la normalisation des relations entre le Japon et la Corée du Sud au début des années 1960, la politique coréenne du Japon dans les années 1970, la coopération économique entre Tokyo et Séoul au début des années 1980, le contentieux historique depuis les années 1990 et, enfin, le facteur nord-coréen dans le triangle de sécurité dans l’après-guerre froide. Une dernière partie qui est particulière- ment éclairante dans le contexte actuel.
Tout au long du livre, l’auteur insiste surtout sur le rôle joué par les États-Unis dans les relations entre ses deux alliés nord-asiatiques. Washington contrôle et a toujours contrôlé le non-franchissement des lignes rouges par Tokyo et Séoul dans le domaine de la sécurité. Mais, dans le même temps, on voit bien que les États-Unis, pour ne pas froisser l’un ou l’autre, ont toujours cherché à éviter une intervention trop directe. Les méthodes pour inciter Corée du Sud et Japon à se rapprocher sur certains sujets peu- vent alors prendre de nombreuses formes : coercition, médiation, approche légale, etc. Le livre montre ainsi comment, dans cette configuration triangulaire et hiérarchique, l’intervention de la puissance dominante peut permettre de faire vivre la coopération malgré les dissensions. Les interrogations en ce qui concerne le partage du « fardeau » de l’alliance et la question du niveau d’engagement, deux sujets classiques de tensions dans une alliance, sont aussi très bien posées. L’influence de la montée en puissance de la Chine sur la coopération trilatérale, au cœur des dernières pages du livre, est traitée de façon très pertinente. Il faut, à ce titre, rappeler que la Chine est le premier partenaire économique de la Corée du Sud depuis 2004 et que les deux pays ont signé un accord de libre-échange en 2015. Au final, Partnership within Hierarchy est un livre bien argumenté. Il permet de se plonger dans la question complexe de la relation tri- angulaire États-Unis/Corée du Sud/Japon avec une nécessaire perspective historique. Cet ouvrage est à conseiller à tous ceux qui s’intéressent aux questions de relations internationales et de sécurité en Asie. ♦