Commémorer la Grande Guerre, c’est aussi réfléchir sur le devoir de Mémoire et considérer d’une autre manière les sacrifices consentis. D’autant plus qu’il semble que, cent ans après, les leçons de l’Histoire s’effacent dramatiquement devant une violence croissante et un déni du combat de nos Anciens pour la dignité et la liberté.
La mémoire, l’irremplaçable remède
Memory, the Irreplaceable Remedy
In commemorating the Great War, it is politic to reflect on what might be called the duty to remember, and to think in different ways about the sacrifices made. This is even more important, a hundred years after the event, since the lessons of history are rapidly lost in the face of increasing violence and refusal to recognise that our forebears fought for dignity and freedom.
Ils sont d’origine sénégalaise, malgache, algérienne, malienne mais aussi indochinoise (1) de l’Empire. Ils sont indigènes en 1914, ils ne sont pas blancs en 1914 et certains même ne parlaient pas français quand l’Empire a lancé en juillet de la même année sa campagne de mobilisation pour la guerre au lendemain de l’attentat de Sajarevo, le 28 juin 1914. Ils seront environ 160 000 à être mobilisés. L’Histoire le confirmera mais leur sang est dans la Somme (2), leur sang est à Verdun, aux Chemins des Dames… Bilan : 36 000 d’entre eux ont été blessés, 29 000 tués ou portés disparus. Le slogan « trois couleurs, un drapeau, un Empire » ressemble à une promesse d’un avenir meilleur après un enfer que ces soldats ne connaîtront que sur place.
La Grande Guerre, c’est également l’engagement d’étrangers vivant sur le territoire français et qui, pour manifester leur attachement à ce pays qu’ils ont adopté et qui les ont adoptés, ont décidé de se battre pour sa liberté. On parle de Grecs, de Polonais, de Syriens, d’Arméniens, de Juifs étrangers : 50 nationalités veulent participer à la défense de la France. En août 1914, un jeune reporter du New York Herald, Georges Casmèze, relaya dans un article un « appel à tous les étrangers amis de la France », débouchant sur l’engagement d’un grand nombre d’Américains en seulement quelques jours. Il envoie une lettre à la communauté américaine de Paris dans laquelle il incite ses compatriotes à s’engager aux côtés de la France « République sœur », en souvenir « des services impérissables dont nous sommes redevables à la France, terre chérie », contre « la barbarie du sabre teutonique » (3). Ils formeront la Légion étrangère durant le conflit.
Mais lorsque clairons et cloches sonnent le cessez-le-feu ce 11 novembre 1918 à 11h, le silence s’installe sous les fumées encore chaudes d’un champ de bataille à vif, le corps de Georges Price, soldat canadien, sort des décombres : il est le dernier poilu mort au combat.
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