Le programme international de recherche Océanides conduit de 2012 à 2017 a mis en perspective l’importance centrale du fait maritime pour le développement des civilisations humaines. Au cours des siècles, c’est bien par les océans que les échanges et les Empires se sont créés et défaits. Aujourd’hui, l’Océan est au cœur des enjeux de demain.
Ce que nous dit l’histoire pour réussir notre avenir
What We Should Learn from History to Succeed in the Future
Océanides was an international research programme conducted from 2012 to 2017, which put into perspective the central importance of the sea in the development of human civilisations. Since time immemorial it has been across the oceans that commerce and empires have been created and destroyed. Still today, the ocean is at the very heart of tomorrow’s challenges.
« L’Histoire n’est pas une pêche au filet, l’historien ne lance pas son chalut au hasard, pour voir s’il prendra des poissons et lesquels. On ne trouvera jamais la réponse à des questions qu’on ne s’est pas posée » écrivait Antoine Prost dans son remarquable ouvrage Douze Leçons sur l’Histoire (1). Là est précisément tout l’esprit, tout l’objet du Programme international de recherche Océanides que j’ai eu le privilège de piloter en tant que directeur scientifique (2). Il a réuni sur cinq années (2012-2017) 260 chercheurs issus de 40 pays (3), ce qui en fait l’un des plus importants programmes de recherche en sciences humaines au monde, financé par des partenaires tant institutionnels (État, collectivités territoriales…) que privés (Naval Group, Total, CGG…).
L’ambition d’Océanides n’était pas d’écrire une histoire maritime mondiale, que différents travaux menés par diverses équipes avaient déjà édifiée. Il s’agissait, fort du développement qu’avaient connu les recherches en histoire maritime depuis une vingtaine d’années, de répondre à la question suivante : est-ce le fait maritime qui fait la différence dans l’évolution générale des peuples ? Quelles sont les évolutions imputables à la mer dans l’histoire générale comme dans l’histoire particulière des entités, notamment politiques ? Comment la mer a-t-elle changé la trajectoire des ensembles considérés ? Comment le fait de se tourner vers la mer permet-il d’exploiter au mieux le potentiel démographique, la situation géographique, politique, financière, les connaissances scientifiques… pour constituer un puissant moteur de développement et de puissance ? La mer est-elle un facteur de réussite, de développement, de rayonnement ?
De l’ensemble de ces recherches publiées in extenso en 4 volumes de respectivement 710, 1 052, 1 042 et 814 pages par l’éditeur britannique Boydell & Brewer (4), se dégagent trois vagues de fonds qui répondent clairement à notre questionnement, et que j’ai l’honneur de présenter ce soir devant ce parterre si prestigieux, sous votre présidence, Madame. Oui, le fait de se tourner vers la mer quel que soit le temps, le lieu est le moteur le plus puissant qui soit pour impacter positivement les trajectoires historiques. C’est que la mer est le moteur de l’Histoire ; le moteur de la prédominance et du rayonnement ; l’accélérateur du développement économique et politique.
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