La Grande Guerre a vu l’arrivée massive des sous-marins comme navires de combat. Les progrès technologiques ont été rapides, en particulier pour les Allemands, même si le résultat tactique fut au final décevant. L’arme sous-marine est devenue alors indispensable et son champ d’action n’a cessé de s’élargir.
Le sous-marin : une révolution dans les affaires militaires consacrée par la Grande Guerre
The Submarine: a Revolution in Military Affairs Brought on by the Great War
The Great War saw the arrival in vast numbers of submarines as warships. Technological progress was rapid—for the Germans in particular—even if, in the end, the tactical effect was disappointing. Since then the submarine has become an essential weapon and its scope of activity continues to increase.
La Grande Guerre est la première guerre sous-marine de l’histoire. Elle s’inscrit parmi les autres innovations majeures du conflit : le char, l’avion, les transmissions. Retour sur une arme nouvelle et révolutionnaire.
Le 5 septembre 1914, le sous-marin allemand U-21 fait une entrée remarquée dans la guerre. Ce jour-là, alors qu’il croise en mer du Nord, il surprend un croiseur britannique qu’il parvient à détruire à la torpille. L’HMS Pathfinder est le premier bâtiment de la Royal Navy coulé par un sous-marin. L’U-21 est commandé par le Kapitänleutnant Otto Hersing qui s’était posté au large de l’Écosse. Face à lui, le navire britannique, à court de charbon, n’avançait qu’à la vitesse réduite de cinq nœuds. Une cible trop facile. La torpille toucha le Pathfinder à hauteur des soutes de munitions qui explosèrent. Il coula en quelques minutes entraînant 259 membres d’équipage, onze marins seulement survécurent. Ce fait d’arme constitue la première attaque à la torpille par un sous-marin de l’histoire, hors le cas très particulier de l’assaut du CSS Hunley sur la corvette USS Housatonic en 1863 par la dépose d’une charge explosive. L’U-21 s’illustre de nouveau en mettant par le fond le croiseur français Amiral Charner, puis au large des Dardanelles deux cuirassés britanniques, les HMS Goliath et Triumph. Le cas n’est pas isolé : selon la même tactique, le sous-marin U-9 torpille successivement trois croiseurs dans la seule journée du 22 septembre 1914 : les HMS Aboukir, Hogue et Cressy.
Ces gestes d’éclat de la marine allemande inaugurent une révolution dans les affaires militaires pour des marines qui ont fait reposer l’essentiel de leur stratégie sur le cuirassé lourd dans la lignée des Dreadnought britanniques. Le principe de « la flotte en vie » s’impose, réduisant les sorties en mer. Au sortir de la guerre, le bilan pour l’arme sous-marine est édifiant. Une arme asymétrique a failli faire basculer le conflit, alors que les Poilus de Verdun et les Tommies de la Somme ont tenu la ligne de front. Dressant, dès 1919, les leçons de la dimension navale de 1914-1918, l’amiral René Daveluy, dans son ouvrage Les Enseignements maritimes de la guerre antigermanique, écrit en introduction de son chapitre sur les sous-marins : « Le sous-marin est par excellence l’arme du plus faible. Il a certainement rendu des services appréciables aux alliés, mais il ne leur était pas indispensable. […] Supprimer, dans les résultats de la guerre, l’action des sous-marins : l’Allemagne n’eût infligé aux alliés que des pertes insignifiantes et la guerre maritime aurait été terminée en moins d’un an. La personnalité du sous-marin domine donc toute la guerre navale. »
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