Les Enseignements maritimes de la guerre antigermanique – 1919
Les Enseignements maritimes de la guerre antigermanique – 1919
Les livres sur la Grande Guerre sont si nombreux qu’il est bien difficile de choisir. Celui-ci mérite en revanche toute notre attention. L’originalité tient ici à la restitution d’un texte écrit immédiatement au sortir du conflit. Son intérêt réside aussi dans l’importance prise par l’enjeu maritime au fil du siècle qui a suivi. Avec le temps, le style est devenu quelque peu désuet, un aspect qui, à lui seul, mérite le détour.
Sur le fond, l’amiral René Daveluy s’était penché sur les enseignements des opérations maritimes conduites en périphérie et en appui de la guerre continentale. La relation entre technologies et stratégie guide la réflexion. Son analyse est sans concession. Tous les espaces de luttes et technologies sont abordés : le débat entre torpilleurs, croiseurs légers et cuirassés, l’emploi de l’aéronavale (aviation embarquée et porte-avions), la guerre des mines, la défense côtière, l’émergence du sous-marin, le renseignement. Ce travail de mémoire sert donc l’avenir. S’il note que le combat asymétrique est commun à toute guerre, on relève aussi cette réflexion : « Les innovations, en particulier dans le domaine militaire, vont presque toujours à l’encontre des opinions admises, et il faut toujours un long temps pour les faire admettre. » Inventeur en 1890 du périscope, prônant la généralisation de la TSF, l’amiral Daveluy n’hésite pas à dénoncer la routine de son état-major lors du conflit, en l’espèce ses réticences à développer l’aviation navale et à repenser l’arme sous-marine. Selon lui : « Le propre d’une bureaucratie est d’être l’adversaire-né de tout progrès. » Un point de vue que l’on retrouvera dans les témoignages de l’amiral Rickover, le père des sous-marins nucléaires aux États-Unis. Il convenait de saluer cette initiative des Presses du Midi. ♦